Les résultats

Chaque année, les expérimentateurs de l’action Syppre en terres noires humifères du Béarn font un bilan des résultats et enseignements de la campagne écoulée et leur synthèse depuis le début du projet. La particularité de la plateforme béarnaise est de tester 6 systèmes innovants et un témoin (une monoculture de maïs sous mulch). Par ailleurs les rotations étant plus courtes, les systèmes évoluent plus régulièrement.

6 rotations comparées sur la plateforme Syppre Bearn
La plateforme Syppre Béarn teste 6 systèmes innovants, comparés à un témoin.

Le système Maïs-CIVE conserve sa multiperformance malgré une pression adventice forte

C’est un système très bien maîtrisé depuis le début des expérimentations. C’est le premier système du réseau Syppre à avoir atteint la multi performance. Mais la campagne 2023-2024, très humide, a tout de même occasionnée quelques difficultés, notamment sur le développement important des adventices dans le maïs. Jugé pas suffisamment efficace, le programme herbicide sera revu pour l’an prochain.

Le rendement du maïs est de 106 q/ha soit à peine moins que celui du témoin (107 q/ha). La Cive fait une bonne biomasse avec 10 tMS/ha et n’a pas trop souffert du déficit de rayonnement préjudiciables aux autres cultures d’hiver. Le soja a un rendement de 34.7 qt/ha. Les humidités des grains sont importantes, ce qui occasionne des frais de séchage couteux.

Tableau 1 : évaluation de la maîtrise technique et agronomique pour chaque rubrique de gestion du système de culture innovant. (vert=satisfaisant; jaune=moyennement satisfaisant, rouge=non satisfaisant)
Tableau 2 : analyse pluriannuelle des performances économiques, environnementales et de productivité de ce système grâce à SYSTERRE

La multiperformance du système se confirme, en particulier lorsque le débouché CIVE est réel et que cette dernière est bien valorisée (hypothèse de vente à 120€ la tonne de matière sèche). L’IFT n’est pas comparé à la référence régionale car ces données nécessitent une mise à jour. Il est comparé à l’IFT du témoin. La variation d’une année à l’autre peut être très forte selon les conditions de l’année, notamment pour la gestion des ravageurs.

Vers un abandon des cultures d’hiver, hors CIVE, sur la plateforme

Les cultures d’hiver ont été testées dans plusieurs systèmes testés ces dernières années :

  • Dans une rotation en 3 ans : Cive Maïs – Orge-soja en dérobée-blé couvert
  • Dans une rotation en 3 ans : maïs Soja Colza avec des couverts
  • Dans une rotation en 2 ans : blé – couvert maïs

Ces systèmes, conçus pour intensifier la productivité à l’hectare des terres de Touyas très productives et dont les exploitations sont petites et/ou pour protéger le capital sol et renforcer le stock de carbone, ont montré leurs limites sur l’atteinte de la multiperformance (Tableau 3).

Tableau 3 : Performances des systèmes innovants en tests sur Syppre Béarn sur la base de différents critères

En effet, les céréales à pailles sont vite pénalisées par les conditions pédoclimatiques de la plateforme :

  • Les conditions humides de l’automne rendent difficiles les implantations (pour en savoir plus, cliquez ici)
  • Le site est sensible à l’hydromorphie qui va impacter en premier lieur l’orge d’hiver et dans une moindre mesure le blé.
  • La pression maladie peut etre forte compte tenu de la douceur des printemps, en particulier la septoriose et la fusariose de l’épi.

Les céréales ont un rendement moyen de 54 q/ha depuis le début des essais.

Par ailleurs, dans les systèmes en double culture, les dérobés de maïs (Figure 1) et de soja (Figure 2) ont pu souffrir d’une implantation retardée, malgré l’adaptation de la précocité et dans des conditions peu optimales (sec, matériel non adapté à la quantité de résidus de paille). On constate des rendements plus faibles et des humidité à la récoltes plus importantes quasiment chaque année.

Les systèmes en double culture n’atteignent pas la multiperformance. S’ils sont plus économes en GES et parfois en IFT, la productivité est finalement réduite comparativement à notre témoin.

Figure 1: Rendement du maïs dérobé enter 2016 et 2019

Figure 2: Rendement du soja dérobé entre 2016 et 2021