Jean-Marc Pedebearn : « Faire évoluer la monoculture du maïs »

Expérimentateur pour le projet Syppre, Jean-Marc Pedebearn a fait évoluer depuis longtemps sur son exploitation le système de monoculture du maïs avec labour. La simplification du travail du sol implique de gérer les adventices, et appelle une diversification de la rotation pour obtenir un meilleur bilan agronomique.

« Syppre aide à faire évoluer les mentalités », affirme Jean-Marc Pedebearn, agriculteur et expérimentateur pour le projet Syppre en terres humifères du Béarn. Cet agriculteur est installé depuis 1986 sur une exploitation de 40 hectares à Sendets, non loin de Pau (Pyrénées-Atlantiques), ce qui induit un parcellaire regroupé mais morcelé, une forte pression foncière et une gestion patrimoniale des terres agricoles. Il y consacre la moitié de son temps, car il est également formateur dans un CFA et un CFPPA au lycée agricole de Pau-Montardon où il enseigne l’agronomie, les productions végétales, les itinéraires techniques, les agro-équipements, toutes matières qui le rapprochent de Syppre. Sur ses 40 hectares, 10 sont consacrés à l’expérimentation pour le projet Syppre et pour des prestations d’essais.
Jean-Marc explique : « Nous sommes sur des sols de « touyas », c’est-à-dire d’anciennes landes inexploitées jusque dans les années 1960, acides et hydromorphes, qu’il a fallu chauler et drainer, composées de 20 % d’argile, 60 % de limon et de beaucoup de matière organique. Le climat est océanique et ne justifie pas d’irrigation ». Une terre idéale pour le maïs, qui lui offre un potentiel de rendement de l’ordre de 120 quintaux/ha. « Ici, les gens sont inféodés à la monoculture du maïs », poursuit Jean-Marc. « C’est dans l’habitude, on l’a toujours fait, et ça roule tout seul ». Pas besoin de beaucoup d’équipements sur l’exploitation, le temps de travail est réduit, réparti sur quelques pics au cours de l’année.

Simplification, salissement, diversification …

Mais la monoculture du maïs a mauvaise presse dans l’opinion publique, synonyme de pesticides, irrigation, OGM, etc. D’où l’importance de la démarche adoptée par Jean-Marc Pedebearn depuis 30 ans, et mise en place sur la plateforme Syppre. En effet, Jean-Marc cultive le maïs depuis 25 ans sans labourer, il pratique le semis direct ou tout au mieux un travail superficiel sur 5 cm ou un strip-till. Il complète son équipement de travail du sol par un déchaumeur à disques pour mulcher les couverts. « Mais la simplification des façons culturales entraîne un phénomène de salissement ». Jean-Marc va donc utiliser des programmes de désherbage ordinaires, abordables au plan économique, mais il va surtout pratiquer les couverts végétaux en interculture, avec de l’avoine rude diploïde ou de la féverole. « L’évolution consiste alors à actionner le levier de la rotation ». Jean-Marc a introduit le blé et le colza en plus du maïs et du soja. Sur 30 hectares, il applique en priorité un assolement maïs/soja/blé/colza/maïs et aussi maïs/maïs/soja/blé/colza qui lui procure une meilleure rentabilité avec une sécurité à la clé.

Structure du sol magnifique !

L’agriculteur dresse d’emblée le bilan de son système de culture. « Au plan agronomique, au bout de 20 ans, on obtient une structure du sol magnifique ! Et Syppre va nous donner, entre autres, les moyens de la mesurer. Au plan économique, on ne fait pas mieux qu’en monoculture, même si on produit 10 quintaux de mieux en maïs assolé. Quant à l’organisation de l’exploitation, le système diversifié offre une meilleure répartition du temps de travail tout au long de l’année, mais exige du matériel spécifique et des interventions décalées par rapport à celles de la monoculture ».

Quel est l’impact de la démarche ? Lorsqu’il emmène ses élèves, pour la plupart fils d’agriculteurs en monoculture de maïs, sur la plateforme Syppre, Jean-Marc Pedebearn leur fait parcourir les 8 systèmes innovants. « Ils sont soulagés quand ils reviennent au point de départ sur le système témoin ! », avoue-t-il. Cependant, il constate que ses étudiants, tout comme leurs parents, sont très tranchés dans leurs pratiques : traditionnelle avec la charrue ou bien en rupture avec un respect du sol dans le sens d’une agriculture de conservation. Ils ne sont en tous cas jamais mitigés. Et, par ailleurs, il constate une plus grande évolution vers la diversification dans les secteurs où la monoculture s’avère plus délicate. « La personne intéressée est celle qui est en réflexion, Syppre sert alors à conforter son choix ». Pour Jean-Marc Pedebearn, Syppre est devenu une occupation permanente.

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