Agriculteur intéressé par le projet Syppre, Thomas Bourgeois s’est diversifié dans la production de semences pour augmenter la valeur ajoutée sur son exploitation. Il souhaite allonger la rotation avec des cultures de printemps en laissant les couverts végétaux en place le plus longtemps possible.
« Avec Syppre, nous montrons que nous faisons des efforts pour produire plus propre », indique Thomas Bourgeois, à l’issue de sa visite lors de l’inauguration de la plateforme Syppre en limons profonds de Picardie. « J’aime chercher des solutions techniques pour améliorer mon système, tout en restant dans la légalité. Pour l’instant, j’optimise le conventionnel, mais je réfléchis également au bio ». Par-dessus tout, Thomas Bourgeois explique : « J’essaie de me diversifier dans des cultures à plus haute valeur ajoutée ».
Cet agriculteur exploite depuis 2009 deux sites distants de 18 km l’un de l’autre : le premier à Léglantiers, vallonné, localisé près de Saint Just-en-Chaussée ; le second à Tricot, sur un sol plus plat, près de Montdidier. Le tout fait 247 hectares, situé en bordure du plateau picard. Les sols sont très hétérogènes, variant des limons jusqu’aux argiles à silex, mais avec un bon potentiel. Le parcellaire est bien regroupé, puisque la taille des parcelles varie de 8 à 18 hectares sur les deux sites. Un salarié est présent sur l’exploitation qui bénéficie d’un matériel performant puisque Thomas Bourgeois exerce par ailleurs une activité d’entrepreneur de travaux agricoles. Il s’intéresse aux Mesures Agro-Environnementales et Ecologiques, d’autant plus qu’il est chasseur, et pratique les bandes enherbées à Léglantiers qui se situe sur le bassin versant de la ville de Compiègne.
Production de semences
Très vite, Thomas s’est diversifié dans la production de semences. De ce fait vice-président de la FNAMS (Fédération Nationale des Agriculteurs Multiplicateurs de Semences), il fait des semences de légumineuses, céréales, pois d’hiver, lin oléagineux, colza… Le fait que l’irrigation ne soit pas possible sur l’exploitation le prive de produire des semences de légumes ou des plants de pommes de terre, mais il est à l’affût d’autres contrats pour amener encore davantage de valeur ajoutée. A côté de la semence, il produit du blé (50 % de l’assolement), de l’orge de printemps, du maïs et il a repris la betterave cette année (15 hectares). Au total, on dénombre pas moins de 8 cultures différentes sur son exploitation.
Thomas est sensible à la notion de système de culture. « Je maîtrise globalement mon système de culture, mais je sais que je suis dépendant de la volatilité des prix ». Par exemple, le pois d’hiver est plus intéressant que le pois de printemps en production de semences. « Or, je souhaite allonger la rotation avec des cultures de printemps, en maintenant les sols couverts le plus longtemps possible avec un mélange de 5 engrais vert (trèfle violet, facélie, etc.) ». Thomas Bourgeois, qui siège par ailleurs au comité d’orientation d’ARVALIS-Institut du Végétal pour la région des Hauts-de-France, poursuit son raisonnement. « Je tente de détruire ces couverts végétaux le plus tard possible et, d’autre part, de ne plus utiliser la charrue sauf accident de désherbage ». Ce qui peut arriver sur blé avec des résistances de ray-grass et de vulpin. Comment faire sans produits phytosanitaires ? par déchaumage ? par simple action du gel ? Thomas n’a pas réponse à toutes les questions. Dans tous les cas, il utilise les TCS (Techniques Culturales Simplifiées) : semis direct pour les betteraves, semoir Horsch pour les autres cultures.
Faculté d’adaptation
Thomas Bourgeois essaie de pratiquer chez lui ce qui est à l’étude dans le projet Syppre. Dans le même esprit, il participe à l’Agroforum de sa coopérative Agora qui travaille également sur ce thème. « Ce que j’apprécie, c’est la diversité des cultures ». Il estime qu’il y a plein de bonnes choses à mettre en œuvre à tous niveaux pour répondre aux aspirations des consommateurs : semis direct sous couvert de trèfle, modulation des doses, captation de carbone, etc. Thomas aime prendre de la hauteur : « Notre mission première, c’est de produire, en répondant à des cahiers des charges de plus en plus stricts. Nous sommes probablement la profession la plus bridée et, cependant, nous arrivons à produire. Les agriculteurs ont une faculté d’adaptation que beaucoup pourraient nous envier », conclut-il.