Syppre est un dispositif ambitieux traduisant différentes évolutions majeures dans la recherche agronomique, porteur d’un potentiel important et qui récolte les premiers fruits de son développement.
Issu d’une maturation longue, il est le premier projet majeur de recherche appliquée partagé entre les différents instituts techniques agricoles de grandes cultures, qui sont par définition construits autour de filières, et il associe la recherche finalisée, le développement et l’enseignement. Ce changement signifie qu’une part importante des innovations au service de la performance des systèmes de production viendra des évolutions du système de culture et des successions culturales, y compris les intercultures, même si des innovations incrémentales sur chaque culture sont aussi attendues.
Les performances analysées concernent évidemment la productivité et la rentabilité économique, mais un accent particulier est mis sur la performance environnementale qui devra augmenter fortement dans les années futures pour mieux répondre aux défis majeurs que sont le climat, la biodiversité ou la qualité de l’air et de l’eau. En développant les dispositifs sur plusieurs lieux, et en les co-construisant avec les acteurs agricoles des régions concernées, Syppre cherche à intégrer autant que possible la dépendance aux conditions locales, et les questions de chaque environnement, mais en s’imposant de s’extraire des éléments à valeur générique, applicables à des échelles géographiques larges. Ce sont des dispositifs complexes qu’il faudra porter longtemps pour en obtenir les informations les plus riches.
Les challenges à venir pour Syppre sont de plusieurs ordres. Il faut d’abord augmenter en régions les liens avec les autres dispositifs associant les agriculteurs, qu’il s’agisse des réseaux DEPHY ou des GIEE pour augmenter la consolidation des résultats et leur diffusion. Il s’agit également de réfléchir aux variantes que l’on peut progressivement intégrer dans les systèmes de production testés, puisque les ruptures permises seront à l’aune de la créativité initiale. Ainsi, comment poursuivre l’intégration d’espèces de diversification tout en maintenant la capacité à extrapoler vers d’autres sites ? Comment mobiliser des dispositifs en agriculture biologique ? Comment penser les dispositifs pour maximiser la prophylaxie ou réfléchir à l’organisation spatiale des cultures et à la richesse des paysages ? Comment associer une composante animale dans les systèmes de culture, sachant les services rendus par les systèmes de polyculture-élevage ? Ces expansions possibles traduisent bien à quel point l’initiative Syppre est une rupture fondamentale dans le fonctionnement du dispositif de Recherche & Développement et de l’activité des instituts techniques agricoles. Enfin, le dernier défi consistera à associer l’aval des filières aux transitions portées par Syppre.
En conclusion, Syppre doit poursuivre son activité, afficher ses ambitions et, en publiant en continu ses résultats, donner à voir son potentiel pour contribuer à la performance économique, environnementale et sociale de l’agriculture.