Une approche innovante sur la fertilité des sols en test sur Syppre Lauragais

Article publié le 30 novembre 2023

La plateforme Syppre Lauragais fait partie des six réseaux d’agriculteurs impliqués dans le projet Transi’Sols, piloté par Terres Inovia. L’ajustement pas à pas des pratiques favorables au fonctionnement des sols et à leur fertilité y est testé à travers l’approche « tableaux de bord ».

Les indicateurs utilisés dans l’approche tableaux de bord sont majoritairement visuels @S.Cadoux/ Terres Inovia

Imaginer puis tester de nouvelles stratégies, les évaluer et les adapter en continu pour qu’elles répondent aux attentes des agriculteurs vis-à-vis des sols, c’est la démarche que permettent les outils « tableaux de bord », déployés, entre autres, sur la plateforme Syppre Lauragais dans le cadre du projet Transi’Sols[1]. « Les stratégies à mettre en œuvre ne sont pas réfléchies à partir de pratiques ou leviers clés de l’agroécologie. C’est l’objectif des agriculteurs qui sert de base aux réflexions : les résultats importent davantage que les moyens pour les atteindre », explique Terres Inovia dans le numéro de décembre 2023 de Perspectives agricoles.

Une approche basée sur des indicateurs facilement observables

Le tableau de bord est construit sur la base de trois éléments reliés entre eux par des liens de cause à effet : un résultat attendu par un collectif d’agriculteurs, des états-clés contribuant à l’atteinte du résultat attendu, des pratiques-clés a priori adaptées pour atteindre les états-clés. Les indicateurs utilisés (observations ou mesures) sont en majorité visuels et relatifs, parfois différents de ceux utilisés par les agronomes en expérimentation. Facilement transférable, l’approche « tableaux de bord » est intéressante car elle s’adapte aux contextes de chaque fermes et aux objectifs des agriculteurs qui les dirigent.

Pour en savoir plus sur cette méthodologie, consultez dès à présent l’article complet sur le site de Perspectives Agricoles.


[1]  Transi’Sols ( 2022-2026) : projet piloté par Terres Inovia en partenariat avec ISARA, AgroTransfert RT, Agrod’Oc Union des CETA d’Oc, INRAE UMR SAD-APT et Chambre d’Agriculture des Pyrénées Atlantiques (financement CASDAR , AAP Co-innovations 2022 de France AgriMer)

Syppre Béarn : deux nouveaux systèmes au banc d’essai

Article publié le 25 octobre 2023

Sur les huit systèmes innovants de l’action Syppre Béarn, deux ont fait leurs preuves, trois ont été abandonnées, et deux nouveaux ont rejoint l’expérimentation il y a trois ans. Focus sur ces deux derniers : une monoculture de maïs semée à 40 cm d’écartement, et une rotation maïs – blé – couvert végétal.

La plateforme SYPPRE Béarn, située à Sendets (64), a entamé sa huitième campagne en 2023. Originellement, huit systèmes de culture innovants y sont testés en comparaison à une monoculture de maïs pour évaluer leur intérêt technique, environnemental et économique. Deux nouveaux systèmes sont testés depuis trois ans. Les performances de chaque système sont suivies au travers de neuf critères technico-économiques (Tableau 1).

Tableau 1 : Critères de performance à l’étude sur les plateformes Syppre et objectifs recherchés dans les systèmes innovants

Deux systèmes ont été mis en place à partir de la campagne 2020 par suite de l’arrêt des systèmes qui ont été jugés non pertinents. Il s’agit d’une part d’une monoculture de maïs semée à 40 cm d’écartement. L’objectif de l’expérimentation est d’apporter des réponses à l’effet d’un écartement réduit sur les adventices, le rendement…. Le deuxième système innovant est composé d’une rotation maïs – blé – couvert de trèfle incarnat + vesce commune restitué au sol. L’idée de cette rotation est de favoriser la fixation d’azote par le couvert de légumineuses afin de diminuer la fertilisation azotée minérale sur le maïs.

De premiers résultats encourageants pour la monoculture de maïs semée à 40 cm

Le couvert implanté avant maïs est un mélange de féverole, de vesce et de phacélie. Il produit environ 1.6 tMS/ha. Le maïs qui suit est implanté en TCS ou en labour (en fonction de l’infestation en graminées observée l’année précédente). La réduction de l’écartement de semis en maïs nécessite un équipement adapté. Afin de pouvoir passer un tracteur sans écraser trop de pieds, il est nécessaire de s’équiper de pneus étroits. L’enfouissement de l’azote et le binage sont également impossibles avec les équipements adaptés à un écartement classique. Autre point, et non des moindres, le chantier de récolte peut être allongé s’il est réalisé avec des cueilleurs à 80 cm.

Au-delà de ces considérations, la réduction de l’écartement a également des impacts techniques. L’application de micro-granulés insecticides se fait sur un linéaire à l’hectare qui est doublé, ce qui diminue de moitié la dose d’insecticide au pied des maïs. En conséquence, des attaques de taupins (figure 1) plus importantes ont été notées sur des maïs à écartement réduit par rapport à des maïs semés à 80 cm d’écartement.

Figure 1 : Des attaques de taupins ont été observées sur le maïs à 40 cm d’écartement.

L’effet de la réduction de l’écartement de semis sur l’infestation en mauvaises herbes est toujours sujet à débat. Sur la plateforme Syppre, un effet positif sur les mauvaises herbes n’a pas pu être observé car il a sûrement été contrebalancé par l’effet parapluie. En effet, la meilleure couverture de l’inter-rang a aussi pour conséquence d’empêcher les herbicides d’atteindre leur cible.

Les résultats sur les rendements sont donnés dans le Tableau 2. Le gain le plus important par rapport au témoin a été observé en 2022 (année de sécheresse). En 2021, le rendement de la modalité à 40 cm d’écartement a été pénalisé par une forte concurrence avec des graminées qui n’ont pas été contrôlées par l’herbicide de rattrapage (effet parapluie du maïs).

Tableau 2 : Rendement et humidité du maïs de deux modalités de la plateforme Syppre Béarn.

L’évaluation multi-critères de ce système est présentée en Figure 2.

Les résultats des indicateurs SYSTerre sont assez proches de ceux du témoin. Le produit brut et la marge nette sont un peu améliorés grâce au grain de rendement moyen sur les 3 années testées.

La rotation maïs – blé tendre – couvert trèfle + vesce : des résultats contrastés

Ce système a deux objectifs : casser le cycle des adventices d’été par l’introduction d’une culture d’hiver et profiter de l’interculture longue pour cultiver un couvert de trèfle + vesce afin de réduire la fertilisation azotée sur le maïs suivant.

En moyenne sur trois années, le mélange de trèfle et de vesce implanté après le blé tendre a produit 3.2 tMS/ha. La croissance du couvert a souvent été stoppée en hiver par des gels survenus après floraison de la vesce. En prenant en compte la minéralisation des résidus de culture du couvert, ainsi que l’azote supplémentaire disponible dans les reliquats, la dose d’azote apportée sur le maïs suivant a été réduite par rapport au témoin de 20 unités en 2021 et de 70 unités en 2022. Le tout sans perte de rendement.

Webinaires 2023-2024 de l’Action Syppre : les inscriptions sont ouvertes 

Article publié le 5 octobre 2023

Quatre sessions d’une heure sont prévues entre octobre 2023 et février 2024 pour faire le point sur les principaux enseignements des thématiques transversales aux cinq plateformes de l’action Syppre. Inscrivez-vous sans plus attendre.

Plateforme Syppre Lauragais, juin 2023

Après une première saison de webinaires en 2022-2023 centrée sur les enseignements par projet régional, cette nouvelle série de quatre webinaires abordera les questions traitées transversalement sur l’ensemble des sites de l’Action Syppre. Bilan carbone, réduction de la dépendance aux produits phytosanitaires, résilience face au changement climatique, diversification des cultures… Pour découvrir la synthèse des résultats de Syppre, rendez-vous aux dates suivantes :

Le 16 octobre 2023 de 13h à 14h: Syppre et le Label Bas Carbone: bilan carbone des systèmes innovants et effet sur la multiperfromance. Vous n’avez pas pu y assister ? Le replay est disponible :

Le 24 novembre 2023 de 13h à 14h : Les effets sur la multiperformance des systèmes innovants Syppre de la réduction de la dépendance aux produits phytosanitaires. Pour vous inscrire, cliquez ici.

Le 11 janvier 2024 de 13h à 14h:  Etude de la résilience des systèmes innovants Syppre vis-à-vis du changement climatique: mobilisation de l »OAD Asalée. Pour vous inscrire, cliquez ici.

Le 05 février 2024 de 13h à 14h: Effets des leviers diversification des cultures et pratiques de gestion innovantes sur la mutiperformance des systèmes: retour sur une analyse statistique conduite sur les 7 années d’essais des systèmes Syppre. Pour vous inscrire, cliquez ici.

Productivité des céréales sur Syppre Champagne

Article publié le 19 septembre 2023

Le rendement des blés de chanvre est supérieur à celui des blés de colza sur les trois dernières campagnes menées sur Syppre Champagne. L’escourgeon, pour sa première année sur ce site, ressort avec un rendement supérieur à 100 q/ha.

Le blé tendre d’hiver, l’escourgeon et l’orge de printemps sont les trois céréales cultivées dans les systèmes de culture témoin et/ou innovant de Syppre Champagne

Des blés de betterave et de chanvre au niveau des blés de colza en 2023

En 2023, les blés de betterave et de chanvre, semés au 21/11, ressortent avec des niveaux de rendement similaires voire supérieurs aux blés de colza semés au 11/10. La figure ci-dessous donne les résultats obtenus :

Plusieurs hypothèses peuvent être formulées pour tenter d’expliquer ce résultat. Des variétés différentes ont été utilisées selon le précédent : Celebrity en blés de betterave et de chanvre, Chevignon en blé de colza. Les conditions de semis, dans des conditions plus dégradées pour les blés de colza, ont conduit à des populations plus faibles. De plus, les bonnes conditions du printemps pour la valorisation de l’azote ont aussi pu niveler les différences habituellement observées entre ces blés semés à des dates différentes. Par ailleurs, pour le blé de colza du système innovant, un salissement en vulpins a été constaté, impactant possiblement le rendement. Il est probable que celui-ci soit en partie dû à une mauvaise maitrise des vulpins sur le pois de printemps en ante-précédent.

Si les niveaux de productivité du chanvre ont pu décevoir lors des printemps secs, les rendements des blés de chanvre sont satisfaisants au regard des rendements des autres blés, et notamment du blé de colza. A l’exception de la campagne 2023, ces deux blés sont semés à la même date, avec des variétés similaires. Les niveaux de rendement sont donnés ci-dessous pour le système innovant :

Des niveaux de performance très proches des orges de printemps des deux systèmes

Les orges de printemps du système innovant et du système témoin se distinguent par le travail du sol réalisé avant celles-ci : un labour est réalisé dans le système témoin, un travail du sol superficiel et sans retournement est réalisé dans le système innovant.

Pour le reste, la conduite de ces deux modalités est identique. La gestion du désherbage se résume certaines années au seul passage d’une herse étrille. Globalement, la maitrise du salissement est correcte dans cette culture, mais souvent un peu mieux tout de même dans le système témoin, à l’image de l’illustration ci-dessous. En 2023, la maitrise des renouées des oiseaux n’était pas satisfaisante dans l’orge du système innovant, alors que ce problème n’a pas été constaté dans l’orge du système témoin.

A gauche : système innovant ; à droite : système témoin

Les rendements des orges de printemps du système innovant semblent légèrement inférieurs à ceux des orges du système témoin, au moins pour les dernières campagnes. Cependant, aucune différence significative n’est détectée.

Implantation du colza : de bonnes bases pour la campagne 2024 sur Syppre Champagne

Article publié le 19 septembre 2023

Précédent légumineuses, semis précoce combiné au strip-till, association avec des plantes compagnes : l’implantation du colza innovant est réussie. Pour le système témoin, le résultat est plus mitigé.

Bien que la campagne ne fasse que commencer et que beaucoup d’éléments seront nécessaires à la réussite du colza, l’objectif d’implantation pour le système innovant est à ce jour rempli. Le stade 4 feuilles, état clé du colza robuste, est atteint avant le 20 septembre, évitant toute intervention face aux grosses altises.

Des stratégies de colza robuste pour les systèmes témoin et innovant

Sur le système innovant, le colza est semé précocement, avec un strip-till. Le précédent pois d’hiver vise à apporter de la vigueur au colza. Du fenugrec lui est associé, uniquement à proximité de la ligne de semis grâce à des micro-granulateurs, afin de se laisser la possibilité de biner et localiser les interventions de désherbage.

Fenugrec implanté à proximité de la ligne de semis du colza – 2021

Pour le système témoin, le semis est réalisé à la même date, après un labour, et le colza est associé à de la féverole, semée en plein.

L’image ci-dessous montre le niveau de développement du colza innovant (à gauche) et du colza témoin (à droite) au 13/09/2023 :

Une limite constatée tout de même dans l’itinéraire du colza innovant est l’impossibilité de biner et localiser les interventions de désherbage. En effet, un travail du sol très superficiel est réalisé avant l’implantation du colza pour gérer les adventices et faciliter, dans des conditions sèches, la formation de terre fine par le strip-till au semis du colza. Ce travail du sol conduit à la formation de buttes par le strip-till rendant impossible le guidage de la bineuse et de la rampe. Remplacer le travail du sol par une intervention de glyphosate pourrait palier à ce problème. C’est l’option qui avait été retenue la campagne dernière. Cependant, l’impact global de la stratégie sur l’IFT reste très modeste, et les conditions sèches dans l’an passé avaient rendu difficile la formation de terre fine par le strip-till. Par ailleurs, le développement du fenugrec reste modeste dans cette stratégie.

Une stratégie d’implantation qui porte ses fruits depuis plusieurs campagnes

L’enjeu d’obtenir une bonne vigueur et une bonne biomasse du colza est primordial pour lutter contre les ravageurs. Il est d’autant plus important sur Syppre Champagne, où les dégâts d’oiseaux peuvent être très conséquents sur des colzas peu développés. En 2023, la seule campagne où l’implantation du colza innovant était mauvaise, les dégâts d’oiseaux ont conduit à son retournement.

Dégâts d’oiseaux sur colza – Syppre Champagne

Le graphique ci-dessous donne les biomasses fraîches des colzas en entrée d’hiver, pour les dernières campagnes :

Sur trois des quatre dernières campagnes, la biomasse du colza innovant ressort bien supérieure à celle du système témoin. Il en sera très probablement de même pour la campagne actuelle.

Jusqu’à la campagne 2019/20, seule la date du semis du colza innovant était précoce, celle du système témoin était représentative de ce qui était pratiquée dans la plaine.  Pour la campagne 2020/21, la survenue d’un orage a produit de la battance et a contraint à devoir semer une seconde fois le colza témoin. Le colza innovant, semé au strip-till, n’a pas subi de battance.

La seule exception est la campagne 2022/23 où le colza a été semé à une date plus tardive et dans des conditions particulièrement sèches. Le labour a permis de remonter un peu de fraîcheur, tandis que le strip-till, non précédé par un travail de sol superficiel, a été en difficulté pour produire de la terre fine et assurer une qualité de semis correcte.

Syppre Picardie : une campagne satisfaisante pour les cultures d’hiver

Article publié le 5 septembre 2023

Les récoltes de la plateforme d’Estrées-Mons, supervisées par l’équipe de Terres Inovia, sont terminées. Cependant, la bordure maritime des Hauts-de-France attend toujours le retour d’un temps sec pour clôturer cette moisson des céréales 2023.

Plateforme Syppre Picardie, août 2023.

Des semis compliqués, mais une année propice aux cultures d’hiver

La fin de l’année 2022 a été favorable aux céréales, avec notamment un développement très important des talles. Celui-ci était dû en partie au climat propice et aux forts reliquats présents, qui ont alimenté les plantes tout l’hiver.

Et heureusement ! Un défaut de semis avait pu être observé lors de la levée des blés sur Syppre Picardie (panne matériel). Résultat, un déficit important à la levée avec un manque d’environ 20% des pieds (180 pieds levés/m² pour un semis à 220 grains/m²).

Plus tôt, le semis du colza avait également été compliqué. Un premier semis avait été réalisé le 18 juillet en suivant notre règle de décision, mais le sec a eu raison de cette dernière. Les conditions de semis s’améliorant début septembre (retour des pluies), un resemis avait eu lieu le 5 septembre. Le reste de la campagne a été aisé pour le colza, mis à part le manque d’ensoleillement et les nombreuses pluies relevées au printemps. Seuls quelques symptômes de sclérotinia ont été observés dans l’une des parcelles, surement en raison d’un affaissement de la végétation.

Enfin, la féverole d’hiver a donné satisfaction… du moins une partie de l’année. La féverole d’hiver est positionnée derrière un maïs grains (récolté en octobre), sans labour, et où les pailles sont gérées par broyage et déchaumage.

Sur les 3 dernières années, nous avons réussi le semis pour la 1re fois avec un changement important dans la méthode. Les clefs de cette réussite dans les conditions de l’année ont été :
– d’anticiper le semis de 1 à 2 semaines par rapport aux recommandations,
– de choisir une variété particulièrement vigoureuse avec une bonne note de résistance au gel, et
– d’arrêter de broyer les résidus de maïs qui maintenaient l’humidité trop élevée. Un simple coup de déchaumeur à disques a suffi à casser les chaumes et les a répartis de manière assez homogène sur la parcelle. Cela nous a permis de semer avec un semoir à disques dans des conditions acceptables. La fin de cycle a été à l’image des autres cultures, plutôt bonne avec une pression fongique à surveiller malgré tout.

Des rendements au niveau des objectifs

  • Blé : des résultats très satisfaisants avec un rendement moyen de 104 q/ha toutes modalités confondues, c’est certainement l’année de récolte la plus homogène en termes de résultats y compris entre les 2 systèmes de cultures. C’est aussi l’année où la conduite de la fertilisation a pris une place importante. En effet, la conduite de la fertilisation du système innovant a été piloté avec CHN (Arvalis), un outil qui s’affranchit des objectifs de rendement et qui pilote au plus près des besoins de la plante. Voir plus bas pour davantage d’informations sur l’outil CHN.
Rendement moyen/modalité avec la somme des uN théoriques/apportés.
  • Colza : les colzas ont été très bons également, avec des rendements de 52 q/ha. La pression des larves d’altises a nécessité un passage, essentiel à la vue des enseignements de la plateforme d’essais situé à proximité. Présent dans un seul système cette année, ce colza ne peut être comparé avec d’autres conduites entre les systèmes (ce qui changera lors de la prochaine campagne).
  • Féverole d’hiver : pour cette culture, le bilan est plus mitigé. Les rendements sont satisfaisants avec une récolte de 42 q/ha de moyenne en semis direct (salissement maîtrisé). Mais au regard de la végétation et du nombre d’étage de fleurs observés au printemps, le bilan aurait pu être meilleur. En cause, un taux de levé limité et une possible carence en bore ayant limité le taux de fécondation (aucun apport et ensoleillement limité en début floraison).

Un début de campagne compliqué pour les cultures de printemps

C’est donc une belle année pour le moment, avec maintenant en ligne de mire la récolte du tournesol. Cette dernière risque d’être tardive puisque les semis ont été retardés (23 mai) à cause de la météo fraîche et pluvieuse. Les récoltes de pomme de terre et de betterave suivront au cours de l’automne.

L’arrêt du strip-till en betterave a pour le moment bien simplifié la conduite, la culture est homogène et peu de différences sont à notifier entre les deux systèmes. La plantation pomme de terre a pris un mois de retard en raison des conditions météo et d’un orage surprise lors de la préparation du sol. Actuellement les parcelles sont propres et le cycle suit son court.

Pour aller plus loin avec l’outil CHN

CHN est un modèle de calcul pour la fertilisation azotée. Il permet un pilotage dynamique de l’azote sur l’ensemble du cycle et de suivre en temps réel l’indice de nutrition azotée, en intégrant les conditions d’apports et les prévisions météo pour des conseils d’apport au plus juste.  

La méthode des bilans a été utilisée dans le système témoin, avec la mise en œuvre des reliquats en sortie d’hiver et un pilotage au N-Tester lors du dernier apport. Avec la conduite qui s’appuie sur l’outil CHN, une économie a été permise jusqu’à 50 uN sur une modalité (figure 1 plus haut) en ayant des résultats équivalents à la méthode des bilans. Les besoins dans le système témoin ont été dépassés par la mesure du N-Tester qui a préconisé des apports plus importants que la mise en réserve initialement prévue.

Une différence importante est à noter tout de même avec les protéines où les modalités innovantes sont toutes égales à 10,7%, alors que les témoins ont bien valorisé le dernier apport (souvent plus important) avec des résultats compris entre 11,5 et 11,8% (mesure organisme stockeur), ce qui permet d’atteindre le standard du marché fixé à 11,5%.

Nous avions différencié la lutte fongique entre les deux systèmes avec une part de risque plus importante dans le système innovant : 1 passage (à dernière feuille pointante) pour deux passages dans le système témoin.

Impact du climat futur : Dans le Lauragais, une marge nette « pas mieux, pas pire »

Article publié le 31 août 2023

Des simulations inédites établies à partir de données réelles donnent un aperçu de l’impact économique du déficit hydrique attendu dans le climat futur sur la rentabilité des exploitations. Les données issues de la plateforme Syppre du Lauragais ont servi de base à cette étude. Bilan.

Quelle rentabilité les exploitations agricoles spécialisées en grandes cultures peuvent-elles espérer à moyen et long terme ? C’est la question à laquelle ARVALIS a souhaité apporter des réponses en réalisant des simulations de performance économique sur la plateforme Syppre du Lauragais, à l’aide de l’outil ASALÉE. Cette plateforme, établie sur 5 ha en coteaux argilo-calcaires, se compose d’un système innovant basé sur une rotation de huit ans et de cultures intermédiaires (figure 1). Ses performances sont comparées à un système témoin représentatif des pratiques locales, à savoir une succession de deux cultures (blé dur et tournesol). Ces deux systèmes ne sont pas irrigués.  

Figure 1 : Une rotation de huit cultures entrecoupées de cultures intermédiaires pour assurer une couverture quasi permanente compose le système innovant de la plateforme Syppre Lauragais.

Une perte de rentabilité de 16 % à l’échelle de l’exploitation

« Les modélisations sur la période 2049-2068, ont été effectuées à partir de la trajectoire RCP 4.5 du GIEC, et prennent en compte le bilan hydrique et son impact sur les rendements des cultures, ainsi que les fluctuations économiques grâce à des scénarios de prix. Leur force est également d’être construites à partir de données réelles, acquises sur la plateforme Syppre Lauragais pendant six ans», introduit Eva Deschamps, ingénieure régionale en Occitanie. L’objectif ? Accompagner les agriculteurs dans leurs réflexions sur les stratégies d’assolement, et sur la durabilité de leurs systèmes. « Partant du principe qu’il y aura moins d’eau pluviale, les résultats de nos projections montrent une perte de rentabilité moyenne dans le climat futur de l’ordre de 16 % à l’échelle de l’exploitation. Toutefois, à l’échelle des cultures, il y a une forte variabilité », poursuit l’ingénieure.

Le rendement des céréales à paille est peu impacté

Dans le Lauragais, les céréales à paille, dont le rendement maximum observé par le passé s’établit à plus de 80 qx/ha, sont peu affectées par le stress hydrique : les pertes de rendements s’établissent autour de 3%. À l’inverse, d’autres espèces comme le sorgho ou le pois d’hiver, voient leurs rendements baisser de 15% en moyenne. « Certaines cultures sont mieux valorisées économiquement, d’autres présentent des bénéfices, notamment en termes de restitution azotée et de gestion des bioagresseurs, avec des variabilités plus ou moins importantes en fonction des espèces. Il revient aux agriculteurs d’établir le niveau de risque qu’ils sont prêts à prendre », souligne l’ingénieure.

Une dégradation de la marge similaire dans les systèmes témoin et innovant

Parmi les autres grands enseignements de cette étude, citons le fait que les couverts végétaux, présents à 90% sur le système innovant, ne perturbent pas, ou très peu, les rendements de la culture suivante, en l’occurrence le tournesol. « Cela conforte nos observations sur le terrain », pointe Eva Deschamps. Surtout, la marge nette des systèmes innovants est dégradée dans des proportions similaires à celles du système témoin, qui présente dans le climat actuel une meilleure performance économique. « Sachant que plusieurs bénéfices du système innovant, que nous avons mesuré par ailleurs dans le cadre d’autres études, ne sont pas pris en compte. Je pense, par exemple, à la réduction de l’érosion ou à l’amélioration de la fertilité du sol grâce aux 4 tonnes de matière sèche issue des couverts végétaux enfouie en moyenne sur les six ans d’étude », indique la spécialiste.

Des questions en suspens pour « faire mieux »

Bien entendu, limiter l’étude au périmètre du stress hydrique a ses limites. « D’autant que la réponse à l’eau des cultures a été plus ou moins étudiée selon les espèces », pose Eva Deschamps. Mais elle a le mérite d’apporter un peu de visibilité, et de soulever un certain nombre de questions quant à à la résilience et la performance des systèmes de cultures innovants sur le Lauragais. « Notre objectif n’est pas de faire pareil que le système témoin, mais de faire mieux », fait valoir l’experte. Les mêmes simulations seront prochainement déployées sur les quatre autres plateformes de l’action Syppre.

La rotation, facteur clé de réussite des systèmes en semis direct

Article publié le 25 juillet 2023

La rotation est centrale dans la réussite de systèmes en semis direct. Après sept ans d’expérimentation sur la plateforme Syppre Béarn, plusieurs ajustements ont été faits pour atteindre les objectifs visés. Explications.

La plateforme Syppre Béarn, située à Sendets dans les Pyrénées-Atlantiques (64), entame cette année sa huitième campagne.

Le système en semis direct a commencé en monoculture de maïs. L’objectif était de minimiser le travail mécanique du sol. Sur les terres de limons, l’introduction de couverts entre les deux maïs s’est donc révélée indispensable. Afin d’essayer de réduire l’utilisation de glyphosate, les espèces choisies pour composer le couvert d’interculture étaient la féverole et la phacélie, deux espèces facilement destructibles par des outils mécaniques. La production de biomasse par le couvert de féverole s’est révélée très aléatoire. Lorsque l’hiver est très pluvieux, les féveroles sont très rapidement attaquées par les maladies foliaires, ce qui provoque leur disparition prématurée. En 2018, année pluvieuse par excellence, la biomasse produite par le couvert de féverole et de phacélie a été de 1,1 t MS/ha. Une production insuffisante pour maintenir la structure du sol en profondeur. Le maïs implanté en semis direct par la suite a donc eu un enracinement très limité, ce qui a pénalisé son rendement.

Introduire du soja, et repenser les espèces de l’interculture

À la suite de ce constat, du soja a été introduit dans le système afin de pouvoir semer tôt le couvert avant maïs et espérer qu’il produise beaucoup de biomasse. Après le soja, un mélange de féverole, phacélie et radis chinois a été implanté. Après le maïs, c’est un couvert de seigle forestier qui est implanté pour être ensuite roulé. Depuis qu’il a été introduit, le couvert de seigle forestier produit fréquemment de fortes quantités de biomasse, à l’exception d’une année très pluvieuse lors de l’implantation.

Ces évolutions ont permis d’améliorer certains indicateurs de l’analyse multi-critères (figure 1). La rotation en semis direct permet d’améliorer l’atteinte des objectifs, sauf pour les indicateurs économiques (produit brut et marge nette). En effet, le rendement du soja est pénalisé en semis direct. À noter que 2022 a été particulièrement néfaste pour les indicateurs économiques de ce système.

Syppre Béarn : trois systèmes innovants définitivement écartés

Article publié le 5 juillet 2023

Parmi les huit systèmes innovants étudiés sur la plateforme Syppre Béarn en comparaison d’une monoculture de maïs, trois ont été abandonnés. Voici pourquoi.

Monoculture de maïs sous couvert permanent de trèfle
Après 7 ans d’expérimentation, le couvert permanent de trèfle sous une monoculture de maïs a été abandonné car la cohabitation s’est révélée très difficile à gérer.

Deux systèmes ont été arrêtés au bout de quatre années d’expérimentation : la monoculture de maïs sous couvert permanent de trèfle et la double culture orge – maïs grain. Un système en rotation sur 3 ans a été arrêté en 2021.

Un couvert permanent de trèfle trop difficile à gérer

Dans le système en monoculture sous couvert permanent, la cohabitation entre le trèfle et le maïs s’est révélée très difficile à gérer. En effet, une régulation du trèfle s’est toujours avérée nécessaire pour limiter la concurrence avec le maïs. Mais l’effet de cette régulation du trèfle est souvent variable. Par exemple, dans les passages de roue où le trèfle est plus tassé, une petite dose d’hormone peut être fatale. Et lorsque le trèfle disparaît, ce sont les adventices qui lèvent et se développent. L’utilisation de variétés Duo System a permis d’utiliser du Stratos, plus sélectif, mais cela n’a pas suffi à garantir la pérennité du couvert. Les années sèches, la concurrence du trèfle pour l’eau se fait aussi douloureusement sentir.

La pluviométrie hivernale pénalise l’orge d’hiver  

La double culture orge-maïs grain a également été arrêtée au bout de quatre campagnes. En effet, les rendements de l’orge d’hiver sont très variables dans le Béarn à cause des fortes pluviométries hivernales. Sensible aux phénomènes d’hydromorphie de début de cycle, l’orge a été très pénalisée certaines années. Par ailleurs, lors des quatre campagnes d’expérimentation, le maïs grain a toujours été récolté, mais à des humidités très élevées. Ce qui a fortement pénalisé la rentabilité du système.

Les céréales à paille d’hiver, la fausse bonne idée

 Au bout de six années d’expérimentation, il a été décidé d’arrêter la rotation de trois ans qui s’enchainait comme suit : maïs – orge – soja en dérobé – blé tendre – sorgho CIVE – couvert hivernal. Celle-ci visait à produire le maximum de cultures par an, mais n’a pas rempli ses objectifs en termes de rentabilité économique ou d’intérêt environnemental. La rotation comptait deux cultures en dérobé (le soja et le sorgho CIVE). Les années où les températures estivales sont fraîches (comme en 2021), la récolte des cultures en dérobé n’a pas pu être faite faute de maturité suffisante. De plus, la forte proportion de céréales à paille d’hiver dans la rotation rend les résultats économiques très sensibles aux effets du climat béarnais.

Clémence ALIAGA (ARVALIS – Institut du végétal)
Manuel HEREDIA (ARVALIS – Institut du végétal)

Syppre Picardie : tout est enfin levé !

Article publié le 21 juin 2023

Les conditions climatiques compliquées du printemps n’ont pas permis des semis et plantations aux dates optimales. Maintenant que toutes les cultures sont levées sur la plateforme Picardie, Terres Inovia vous propose un tour d’horizon en vidéo avec Nicolas Latraye des espèces présentes en ce mois de juin 2023.