Gestion des couverts végétaux : les enseignements de la campagne

Article publié le 6 mars 2023

La réussite des couverts végétaux demeure un élément important pour atteindre des objectifs d’amélioration de la fertilité des sols de la plateforme Syppre Berry : apport de carbone labile et minéralisation d’éléments minéraux, développement de la vie biologique et amélioration de la structure du sol par les racines. Cependant, la gestion de l’interculture avant une culture de printemps reste un compromis entre les différents objectifs des couverts végétaux : atteindre un bon niveau de biomasse et gérer efficacement les graminées adventices, sans impacter la réussite de la culture de printemps. Retour sur les principaux éléments à retenir à la sortie de l’hiver.

Le raisonnement du choix des couverts végétaux

Le choix du mélange des couverts doit se faire en tenant compte de différents paramètres, mais il doit s’inscrire dans la globalité de la gestion de l’interculture, selon certains critères, et dans un ordre bien précis :

  1. Les travaux de sol prévus pour l’implantation de la culture suivante : après avoir réalisé un diagnostic de la structure des sols avant la récolte des céréales, un travail de sol par fissuration s’est avéré nécessaire pour assurer le bon enracinement de la culture de printemps suivante. Compte tenu des caractéristiques argileuses des sols de la plateforme et des conditions favorables d’humidité des sols après la moisson, il a été choisi de fissurer les sols avant l’implantation des couverts végétaux. Les espèces contenues dans le couvert doivent donc pouvoir se développer sur la période été – automne, avec une date de semis intermédiaire (courant août) pour permettre le travail du sol en bonnes conditions avant semis.
  2. Les objectifs de gestion des graminées adventices : la mise en place de cultures de printemps a pour objectif principal d’abaisser la pression des vulpins et des ray-grass dans les parcelles. De ce fait, l’interculture doit permettre de contrôler le plus efficacement possible ces graminées, notamment grâce à l’utilisation du glyphosate. Pour certaines cultures comme le tournesol, l’objectif est de pouvoir implanter la céréale suivante en semis direct. Compte tenu de la réglementation sur l’utilisation du glyphosate, celui-ci doit être positionné avant le 31/12 afin de pouvoir l’utiliser à nouveau avant le semis direct de la céréale suivant le tournesol.
  3. La période et le mode de destruction du couvert végétal : compte tenu de la nécessité d’utiliser le glyphosate à certaines périodes clés, il est donc important de rendre accessible les graminées afin de maximiser les chances de les détruire. En fonction de la biomasse du couvert, une destruction mécanique anticipée peut se justifier avant de réaliser l’application du glyphosate. Le choix du couvert doit donc permettre un compromis entre biomasse et facilité de destruction des adventices.
  4. Les objectifs agronomiques en lien avec les problématiques de la plateforme Syppre Berry : une fois que les périodes de semis et de destruction ont été identifiées, il ne reste plus qu’a construire le mélange des espèces du couvert végétal selon d’autres critères de choix :
  • Avoir un mélange avec un C/N faible compte tenu de la faible minéralisation en azote du sol pour assurer une libération rapide de l’azote lors de la décomposition des résidus;
  • Avoir des espèces légumineuses qui permettront d’apporter de l’azote dans le sol et réduire au maximum l’apport d’azote pour la culture de printemps, en tenant compte des légumineuses; présentes dans la rotation (pois et lentilles) pour éviter l’augmentation du risque maladies (choix d’espèces et variétés non sensibles à aphanomycès);
  • Favoriser la production de biomasse en choisissant des espèces complémentaires et productives avec une densité de plantes optimale;
  • Favoriser la prospection et la structuration du sol par des systèmes racinaires complémentaires, sur l’horizon 0-20cm;
  • Utiliser des espèces relais pour maintenir un système racinaire vivant et actif durant la période hivernale, pour les implantations de millet plus tardives au printemps, ne nécessitant pas l’utilisation de glyphosate avant l’hiver.

Des biomasses très variables en fonction de la concurrence des graminées adventices

Compte tenu des différents paramètres de choix du mélange développés ci-dessus, le couvert végétal qui a été implanté est composé du mélange suivant (60€/ha hors féverole) :

  • Seigle fourrager : 10kg/ha
  • Moutarde d’abyssinie : 3kg/ha
  • Radis chinois : 0,5kg/ha
  • Phacélie : 2kg/ha
  • Trèfle d’Alexandrie : 2kg/ha
  • Trèfle incarnant : 4kg/ha
  • Féverole : 60kg/ha

Couvert végétal implanté sur la plateforme Syppre- Crédit : M.Loos-Terres Inovia

Ce mélange a été semé pour les modalités qui seront en cultures de printemps, avec un précédent céréales à paille (T1 et I1 en tournesol, I9 en millet). Une autre modalité qui sera semée en tournesol derrière un millet n’a pas eu de couverts entre la récolte du millet en septembre et le semis du tournesol au printemps prochain. Les couverts ont été semés le 9 août 2022 après le travail du sol profond, mais qui avait maintenu une certaine fraicheur au-delà de 5cm de profondeur. Les couverts ont réussi à lever courant août malgré peu de précipitations et des températures chaudes, mais ils ont profité des conditions chaudes et humides à partir de début septembre pour pousser de manière significative. Ils ont bénéficié de près de 250mm de pluie entre le semis et la destruction qui s’est faite par broyage le 1er décembre. La croissance s’est principalement faite sur septembre et octobre, avec des précipitations régulières et des températures maxi entre 25 et 30°C.

Le graphique ci-dessus représente les biomasses des couverts en de MS/ha juste avant leur destruction, selon les différentes modalités. Ce dernier permet d’observer la variation des valeurs de biomasse entre les différents blocs pour une même modalité, avec des valeurs moyennes qui sont comprises entre presque 2 et 3t de MS/ha. Les variations peuvent s’expliquer par différents paramètres :

  • La modalité I1 qui a la plus faible valeur moyenne de biomasse (1,9t de MS/ha) présente une très forte pression en ray-grass qui ont levé très peu de temps après les couverts. La croissance automnale des couverts s’est faite en concurrence avec la croissance des graminées, limitant fortement la biomasse selon les différences de salissement entre les blocs (entre 1,6 et 2t de MS/ha).
  • La modalité T1 présente quant à elle une pression forte mais en vulpin, qui ont levé beaucoup plus tardivement que les ray-grass, permettant aux couverts de prendre le dessus sur les graminées avec une valeur de biomasse moyenne correcte (2,5t de MS/ha).
  • La modalité I9 qui possède la valeur de biomasse moyenne la plus forte (2,9t de MS/ha) présente la pression la plus faible en vulpin, qui a permis de limiter la concurrence adventice. Sur cette plus forte valeur de biomasse se cache un écart plus important entre les blocs (de 2,5 à 3,6t de MS/ha), en la faveur du bloc le plus sableux qui a montré une meilleure qualité de semis et de densité de plantes levées.
  • A noter que les modalités n’ont pas les mêmes précédents : blé tendre pour la I9 et orge d’hiver pour les modalités I1 et T1. La concurrence des repousses de céréales n’a pas eu le même impact entre le blé et l’orge en lien avec l’épisode de grêle avant la récolte, et ceux malgré et destruction mécanique des repousses avant le semis des couverts.

En ce qui concerne les teneurs en azote contenue dans la MS des couverts, elles sont relativement stables entre les modalités, étant comprises entre 19 et 22g/kg de MS. En faisant la corrélation avec les différentes quantités de MS des modalités, le graphique ci-dessous donne une estimation de la quantité d’azote totale contenue les parties aériennes, avec des valeurs comprises entre 40 et 60kg/ha en moyenne.

La technique du couvert relais en un seul semis montre ses preuves

Parmi les espèces qui composent le mélange, le seigle et le trèfle incarnat ont été choisi pour permettre de maintenir des espèces vivantes durant la phase hivernale après le broyage, tout en effectuant qu’un seul semis en août pour éviter le re-semis d’un couvert relais en septembre-octobre. Le broyage a permis de détruire les autres espèces qui avaient rempli leur mission, et de permettre au seigle et au trèfle d’avoir accès à de bonnes conditions lumineuses pour rester en place et prendre le relais en sortie d’hiver. L’intérêt de ces espèces relais reste uniquement pour les cultures comme le millet sur lesquelles l’utilisation du glyphosate n’est pas faite en entrée d’hiver, mais décalée à fin mars, pour une implantation réalisée la 1ère quinzaine de mai.

Après près de deux mois après le broyage, et malgré des températures douces en décembre, la répartition du seigle mais surtout du trèfle, reste très hétérogène et aléatoire selon la croissance et la concurrence des autres espèces du couvert et des graminées adventices. Les photos ci-dessous montrent bien les effets de concurrence lorsque la moutarde d’abyssinie s’est retrouvée en trop grande proportion dans le mélange, cumulée à la pression des graminées et notamment du ray-grass. De même, les très fortes biomasses de couvert n’ont pas permis au trèfle de se développer correctement. Il a cependant parfaitement joué son rôle dans les modalités avec une biomasse de couvert moyenne (2,5t de MS/ha). Dans ces zones de colonisation du trèfle, des nouvelles mesures seront réalisées afin d’estimer le gain de biomasse entre le broyage du couvert début décembre et la destruction définitive avant l’application du glyphosate mi-mars.

Optimiser et adapter le mélange de couverts végétaux pour l’été 2023

Ces différents enseignements vont être intégrés pour optimiser la composition du prochain mélange de couverts végétaux et permettre d’adapter encore mieux le choix des différentes espèces. Voici donc les évolutions qui seront apportées pour les semis de couverts végétaux lors de l’été 2023 :

  • Avant tournesol : destruction précoce du couvert pour utilisation de glyphosate avant le 31/12
    • Sorgho fourrager 6 à 8kg/ha à la place du seigle fourrager (faible développement du seigle et couvert relais inutile);
    • Crucifères 1,5kg/ha au total (0,5kg/ha moutarde d’abyssinie + 0,5kg/ha de radis chinois + 0,5kg/ha de moutarde brune vitasso) pour limiter la concurrence avec une densité plus faible (environ 30 pieds/m²)A
    • Trèfle d’alexandrie 4kg/ha solo en remplacement du mélange avec le trèfle incarnat (couvert relais inutile);
    • Phacélie 1 kg/ha;
    • Féverole 70kg/ha.
    • Coût estimé : 45€/ha sans la féverole
  • Avant millet : destruction plus tardive du couvert pour utilisation du glyphosate au 15/03
    • Seigle fourrager 10kg/ha (couvert relais après broyage);
    • Crucifères 1,5kg/ha au total (0,5kg/ha moutarde a+ 0,5kg/ha de radis chinois + 0,5kg/ha de moutarde brune vitasso) pour limiter la concurrence avec une densité plus faible (environ 30 pieds/m²);
    • Trèfle d’Alexandrie 2kg/ha;
    • Trèfle incarnant 4kg/ha;
    • Phacélie 1 kg/ha;
    • Féverole 70 kg/ha;
    • Coût estimé : 55€/ha sans féverole.

Même si l’été et l’automne 2022 ont été relativement favorables à la croissance et à la réussite des couverts végétaux semés autour du 15 août, les niveaux de biomasses moyens des parcelles de la plateforme Syppre Berry restent en dessous de ce que certaines parcelles ont pu réussir à produire, pour des mélanges pouvant atteindre plus de 5t de MS/ha. Le travail du sol qui a été nécessaire a provoqué la mise en germination des graminées adventices pénalisant la croissance des espèces, et à certainement ralenti le démarrage des couverts par un assèchement des horizons de surface du sol. Si le travail du sol n’est pas nécessaire et que la structure de sol le permet, les semis de couverts végétaux seront effectués en direct au semoir à dents, afin de favoriser la croissance et la biomasse des couverts et de limiter les levées d’adventices.

Viser la multi-performance sur l’itinéraire betteravier

Article publié le 21 février 2023

La plateforme « Syppre en Champagne », conduite par l’ITB en collaboration avec Arvalis et Terres Inovia, expérimente depuis 2016 plusieurs itinéraires techniques betteraviers visant la multi-performance.

La conduite d’itinéraires techniques betteraviers combinant l’emploi du strip-till, la localisation
d’interventions herbicides et aphicides, et la non-utilisation du glyphosate se heurte à des difficultés de mise en œuvre. Les principales perspectives visent, soit à considérer des itinéraires techniques sans labour mais sans recours au striptill, soit à réintroduire l’utilisation du glyphosate dans une conduite avec strip-till. Des solutions sont aussi considérées au-delà de l’itinéraire technique,
avec un changement prévu de la rotation.

Concilier les objectifs : le défi de l’action Syppre

Les plateformes de l’action Syppre visent à atteindre la multi-performance, avec notamment l’ambition de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires et les émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, en 2019, il a été décidé de se passer du glyphosate afin, notamment, de contribuer à la production de connaissances dans une diversité de systèmes de culture. Un système témoin, représentatif des rotations conduites localement, et un système innovant, visant à atteindre cette multi-performance, sont confrontés sur chaque plateforme.
Celle-ci se réfléchit, sur ces plateformes, à l’échelle des systèmes de culture, et aussi au niveau des itinéraires techniques conduits.

Les stratégies testées sur betterave sucrière

Pour la betterave sucrière, cela s’est traduit par la mise en place de plusieurs leviers sur le système
innovant de la plateforme Syppre en Champagne.
Afin de réduire les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effets de serre, et aussi pour
limiter les risques de battance en sol de craie, il a été décidé, sur le système innovant, d’employer un
strip-till, travaillant uniquement la ligne de semis.
Par ailleurs, afin de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires, le recours à la localisation, sur le
rang des interventions herbicides et aphicides, et au binage a été mis en place sur les deux systèmes,
innovant et témoin. En effet, le système témoin des dispositifs Syppre n’est pas une référence de
conduite moyenne régionale, mais un système qui reproduit les successions culturales locales en appliquant aux cultures une conduite optimisée incluant l’ensemble des techniques actualisées préconisées par les instituts.
Pour les betteraves semées en combiné avec le striptill, plusieurs stratégies ont été testées afin de gérer
le salissement en sortie d’hiver, sans avoir recours au glyphosate. La première solution envisagée a été
de ne pas retravailler le sol en sortie d’hiver, pour permettre de bonnes conditions de travail au striptill, et limiter les levées d’adventices. En 2020, le salissement en sortie d’hiver étant composé principalement de graminées ; celles-ci ont pu être gérées dans les betteraves. Cependant, le développement
important des vulpins a rendu les conditions de binage difficiles et a certainement engendré une concurrence avec les betteraves. Par ailleurs, cette stratégie a pu être conduite uniquement parce qu’il n’y avait pas de dicotylédones présentes en sortie d’hiver. Le risque associé à cette stratégie, et sa difficulté de mise en œuvre, ont conduit à son abandon. En 2021 et 2022, il a donc été décidé de retravailler superficiellement le sol en sortie d’hiver afin de gérer les adventices avant le semis des betteraves combiné au strip-till.
Cependant, cela a conduit à l’obtention d’un sol veule (photographie en haut à gauche), peu adapté
aux exigences d’un travail réalisé par le strip-till.
Ce dernier a formé des buttes de terre, entraînant la perte de la trace de guidage, et des difficultés,
voire une impossibilité à passer la rampe de localisation et la bineuse. Ainsi, en 2022, il a été possible
de localiser les interventions herbicides et aphicides sur les betteraves du système témoin, conduites sur
labour, mais pas sur les betteraves conduites sur strip-till. Compte tenu du fort salissement dû à l’historique de la plateforme, et aux conditions sèches du printemps, le programme herbicide a été significativement renforcé. Cet écart de conduite s’est alors traduit par une réduction des charges liées à
l’utilisation de produits phytosanitaires de 150 €/ha sur le système témoin par rapport au système innovant, et par une réduction de 40 % de l’IFT total. Il n’est donc pas satisfaisant de ne pas avoir la capacité de déployer ces solutions sur les betteraves du système innovant. Pour la prochaine campagne, les conduites seront adaptées de manière à recourir à ce matériel.

Un impact de la succession culturale sur le développement des adventices

Au-delà des écarts constatés pour les performances relatives à l’utilisation d’intrants, les modalités de
betteraves conduites sur la plateforme se différencient aussi par le niveau de maîtrise des adventices.
Or, le projet Syppre vise aussi à maintenir des niveaux de productivité équivalents pour les deux
systèmes expérimentés, et cela passe donc par le maintien d’un niveau de salissement satisfaisant.
La figure 1 donne les résultats de note de satisfaction de désherbage pour les différentes betteraves
conduites sur la plateforme Syppre en Champagne.

La maîtrise du désherbage est moins bonne sur la betterave n°2 du système innovant avec le
chanvre comme ante-précédent ( figure 1)

Pour trois années sur quatre, il en ressort des niveaux de satisfaction moindres sur la betterave
n°2 conduite sur strip-till, dans le système innovant. Une présence accrue des chénopodes a été constatée sur cette modalité, conduisant à des difficultés pour les maîtriser. La principale hypothèse émise à ce stade est un impact de la culture ante-précédente (chanvre pour les betteraves de 2020-2021 – 2021- 2022 ou tournesol pour les betteraves de 2018-2019), dans laquelle, en fin de cycle, des chénopodes à grenaison ont été observés. Sous chanvre, aucune intervention herbicide n’est réalisée. Seul un passage de herse est mis en œuvre sur la plateforme, et il n’est pas toujours suffisant pour gérer le salissement sous cette culture. Un deuxième passage pourrait être envisagé. De plus, l’itinéraire des betteraves sera adapté pour faciliter la gestion des adventices.
Cet exemple illustre parfaitement que la seule optimisation de l’itinéraire technique n’est pas toujours suffisante pour gérer une difficulté dans un contexte particulier. L’impact des successions culturales est parfois loin d’être négligeable, et doit donc être raisonné.

Réfléchir les perspectives selon l’atteinte des objectifs

Les enseignements acquis sur les conduites des itinéraires techniques betteraviers du système innovant, et les difficultés de maîtrise des adventices pour une modalité, obligent à revoir les stratégies
testées jusqu’à présent.
Le maintien de la localisation des interventions herbicides et aphicides est une nécessité pour remplir
les objectifs relatifs à la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires.
La question de l’utilisation du strip-till se pose compte tenu des difficultés rencontrées. Dans des
itinéraires contraints par l’ambition d’atteindre de nombreux objectifs, celui-ci n’a pas pu être utilisé
dans des conditions optimales. Son positionnement avait été décidé pour limiter les phénomènes
de battance, et pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. Pour ce premier point, aucun phénomène de battance nécessitant un re-semis de betterave n’a été constaté depuis la mise en place
de la plateforme en 2016. En revanche, cela a été constaté sur le colza, pour lequel le strip-till avait
rempli son rôle, puisqu’il avait permis d’éviter un re-semis, nécessaire pour le colza conduit sur
labour. Pour ce second point, l’emploi du strip-till permet de réduire les émissions liées à l’utilisation
de carburants d’environ 70 kgéqCO2/ha, ce qui reste relativement faible au regard des émissions totales
estimées pour la betterave sucrière sur la plateforme (environ 2 200 kgéqCO2/ha). Le maintien du striptill doit donc être considéré uniquement dans des itinéraires où l’on peut espérer observer un avantage agronomique. Dans le contexte de salissement de la plateforme, il a alors été décidé de s’autoriser
un recours au glyphosate si cela s’avère nécessaire.

Itinéraires techniques prévus sur le système innovant en 2023

Pour autant, même dans ces conditions, il n’est pas certain que l’emploi de la rampe de localisation et
de la bineuse soient aisé. Il a donc été décidé, sur la betterave n°2 du système innovant, où la maîtrise du salissement est plus compliquée, de ne plus mobiliser le strip-till, et de réaliser une opération
de déchaumage profond, et un travail classique de préparation de sol.
Enfin, un changement de la rotation du système innovant a été décidé pour la campagne 2023.
Celui-ci s’est principalement justifié par l’abandon d’un pois de printemps, et le repositionnement d’un
colza derrière un pois d’hiver. Cela a alors conduit à positionner le chanvre trois années avant les betteraves, au lieu de deux auparavant. À terme, l’impact sur la gestion du salissement dans les betteraves pourra être évalué.

#SyppreChampagne – Résultats des prélèvements Cipans

Article publié le 20 février 2023

Fin novembre, des prélèvements des Cipans ont été réalisés pour évaluer les biomasses et les teneurs en azote. Les résultats viennent d’arriver. Ils sont corrects et les teneurs en azote sont supérieures aux années précédentes.

Deux mélanges CIPAN avaient été semé à la volée, après la récolte des céréales, sur déchaumage, puis enfouies avec un rouleau cambridge :

  • Un mélange radis chinois + phacélie pour les cultures d’orge et de chanvre
  • Un mélange moha + trèfle + moutarde pour la culture de betterave

Le radis chinois a été choisi pour son effet attractif des altises, limitant de ce fait les dégâts dans les parcelles de colza. D’ailleurs, la pression altises dans les colzas de la plateforme champenoise étaient faibles cet automne…

Contrairement à la campagne précédente, les semis avaient été réalisé après la moisson car pour la gestion des vivaces (chardons), un herbicide spécifique avait été appliqué dans toutes les céréales au printemps. Cette application de désherbage a eu un résultat assez satisfaisant mais n’a pas permis le semis des Cipans à la volée avant la récolte par crainte d’effet résiduel de la molécule herbicide.

Les mélanges radis chinois et phacélie avaient une biomasse comprise entre 2,5 et 3 tonnes de matière sèche / ha et une teneur en azote allant de 32,8 à 34,7 g/kg.

Les mélanges moha, trèfle et moutarde avaient une biomasse comprise entre 2,8 et 4,3 tonnes de matière sèche / ha et une teneur en azote allant de 31,8 et 33,7 g/kg.

Les biomasses les moins élevées sont celle d’une modalité betterave. Cette modalité avait pour précédent un blé de chanvre. Ce blé avait eu un rendement largement supérieur aux autres blés.

6 webinaires pour découvrir les derniers résultats de Syppre

Article publié le 22 janvier 2023

Nous vous proposons de découvrir les nombreux enseignements sur la faisabilité et les performances des systèmes testés lors de six webinaires Syppre organisés de novembre 2022 à avril 2023.

08 novembre 2022 – Syppre, une action de R&D innovante à la recherche de la multiperformance pour les systèmes agricoles en grandes cultures

Lancée en 2015, l’Action Syppre rassemble l’expertise des 3 instituts techniques pour mettre au point des systèmes de grandes cultures innovants conciliant productivité, rentabilité et excellence environnementale. Aujourd’hui, de nombreux enseignements sont disponibles sur la faisabilité et les performances des systèmes testés : innovations dans le positionnement et la conduite des cultures ; bénéfices et limites de la diversification des cultures sur la maîtrise des bioagresseurs, les performances et la robustesse des systèmes ; compromis à trouver pour améliorer la fertilité des sols et la maîtrise des adventices avec un faible usage de produits phytosanitaires ; perspectives pour progresser vers la multi-performance.

Intervenants : Anne-Laure Toupet de Cordoue (Arvalis-Institut du végétal), Stéphane Cadoux (Terres Inovia) et Rémy Duval (ITB)

12 décembre 2022 – Syppre Lauragais : allier rentabilité, réduction de la dépendance aux engrais de synthèse et maîtrise de l’érosion en coteaux argilo-calcaires

Dans le Lauragais, la plateforme Syppre expérimente un système très diversifié, incluant une couverture quasi permanente des sols pour lutter contre l’érosion et préserver la fertilité, problématique très importante dans ces zones céréalières de coteaux.

Intervenant : Jean-Luc Verdier (Arvalis-Institut du végétal)

09 janvier 2023 – Syppre en terre de craie de Champagne : vers un système économe en azote et en GES et préservant la fertilité du sol

En terre de craie de Champagne, Syppre a fait la démonstration d’un système capable de réduire sa dépendance aux engrais azotés minéraux et au travail du sol. La forte diversité des cultures présentes sur la plateforme expérimentale permet de tester la faisabilité et l’intérêt de certaines cultures (chanvre). Le non recours au glyphosate depuis 3 ans a également produit des enseignements en terme de possibilité de désherbage mécanique et/ou localisé sur ce type de sol.

Intervenant : Ghislain Malatesta (ITB)

06 février 2023 – Syppre en limons picards : un système alliant cultures industrielles, maintien de la fertilité des sols et économies d’intrants

En Picardie, Syppre expérimente un système qui maintient une part importante de cultures industrielles à forte valeur ajoutée tout en intégrant des leviers pour préserver et améliorer la fertilité du sol. La dépendance aux intrants de synthèses, phyto et engrais, est diminuée, améliorant ainsi les performances environnementales de ce système. La maîtrise de l’implantation des pommes de terre et betteraves en non-labour permettant de concentrer la matière organique en surface reste perfectible et fait l’objet de test d’innovations.

Intervenant : Nicolas Latraye (Terres Inovia)

07 mars 2023 – Syppre Berry : la recherche de la robustesse en zone intermédiaire

Syppre Berry teste un système innovant et diversifié dans le but d’améliorer le contrôle des adventices, la fertilité des sols et globalement la multi-performance par rapport à un système colza/blé/orge. Les résultats sont en moyenne très satisfaisants avec un maintien de la marge économique et une réduction de l’usage des intrants (azote et produits phytosanitaires) et des émissions de gaz à effet de serre d’environ 30%. L’introduction de cultures de printemps et de légumineuses produit des bénéfices agronomiques mais induit une plus grande variabilité de production qui semble être atténuée avec un choix plus flexible des cultures.

Intervenant : Matthieu Loos (Terres Inovia)

03 avril 2023 – Syppre Béarn : expérimenter de nouveaux systèmes à base de maïs dans les terres humifères

Syppre teste plusieurs systèmes incluant des cultures de diversification dans une zone très particulière du Béarn, les terres noires, très riches en matière organique, avec une grande réserve utile mais qui offrent des fenêtres d’interventions assez réduites en dehors du printemps/été. Ces systèmes incluent notamment des céréales à pailles sensibles à une trop grande humidité hivernale notamment, du soja ou encore de cultures intermédiaires à valorisation énergétique. Les enseignements sont nombreux sur la gestion des adventices, la moindre dépendance aux engrais azotés ou encore le bilan carbone.

Intervenant : Clémence Aliaga (Arvalis-Institut du végétal)

Voir le replay du séminaire #SyppreChampagne

Article publié le 10 janvier 2023

Le 9 janvier était organisé un webinaire où étaient exposés les enseignements de la plateforme champenoise à mi-parcours. Retrouvez le replay de cet évènement !

Cette visio-conférence s’intitule « Vers un système économe en azote et en GES et préservant la fertilité du sol ». Elle a regroupé près de 60 personnes : agriculteurs et expérimentateurs.

Programme :

  • Présentation de la plateforme
  • Description des systèmes de culture témoin et innovant
  • Analyse des performances des systèmes de culture

Bilan à mi-parcours de la plateforme Syppre Champagne

Article publié le 12 décembre 2022

Les partenaires du projet Syppre organisent un webinaire, le 9 janvier de 14h à 15h, pour tirer les enseignements de la plateforme champegnoise à mi-parcours : « vers un système économe en azote et en GES et préservant la fertilité du sol ».

L’ordre du jour de cette visio-conférence est le suivant :

  • présentation de la plateforme
  • présentation des systèmes de culture témoin et innovant
  • les itinéraires culturaux
  • performances des systèmes de culture

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Évènement gratuit

#SyppreChampagne : Résultats des récoltes d’automne et implantation des cultures pour 2023

Article publié le 22 novembre 2022

Les récoltes pour la campagne 2022 sont maintenant terminées avec les cultures de chanvre et de betteraves. Les cultures d’hiver pour la récolte 2023 s’installent progressivement.

Une récolte de chanvre précoce et décevante
Le chanvre est moissonné le 26 septembre à un taux d’humidité de 14,3 %. Le rendement est de 5,8 qx/ha pour le chènevis. Malgré une assez forte population de chénopodes dans les parcelles, peu d’impuretés se retrouvent dans les graines de chanvre à la récolte.
Après un petit épisode de précipitations, le pressage de la paille se fait le 29 octobre pour un résultat de 6,85 T/ha.
Les performances de cette culture demeurent encore décevantes cette année, essentiellement en raison des conditions sèches de l’année, du choix variétal et probablement de la nutrition azotée.

Les rendements en betteraves insatisfaisants
Les betteraves sont récoltées le 17 octobre. L’état sanitaire est très sain, grâce au choix d’une variété très résistante aux maladies, une seule protection fongicide a été nécessaire.
Depuis l’été, des ronds de jaunisses se sont dessinés. Les parcelles semées sur labour étaient plus fortement touchées (10 % de surface estimée) que les modalités strip till (7 % de surface estimée). Pour rappel, les semis sur labour avaient été réalisés 1 semaine avant les strip till, ces premiers semis ont levé plus rapidement et ont subis quelques dégâts de gel. Toutes ces betteraves, avec enrobage standard, ont reçu 2 aphicides.
Les rendements sont de 61 T/ha sur la modalité témoin en labour contre 47 et 48 T/ha pour les 2 modalités innovantes en strip till.

Les cultures d’hiver sont implantées
Après les colzas, ce sont les orges d’hiver, les blés et les pois d’hiver qui sont semés.
Le colza témoin sur labour est très bien implanté avec une biomasse moyenne de 1,3 kg/m². Les parcelles sont propres et la pression ravageur assez faible.
Le colza innovant sur strip till a beaucoup souffert du sec pendant et après le semis. La biomasse entrée hiver est impactée avec seulement 0,41 kg/m². Les parcelles sont fortement infestées en vulpins et sanves. La pression ravageur est faible.

Les orges d’hiver et blés sont semés du 10 octobre au 2 novembre dans de très bonnes conditions et lèvent très rapidement. Un désherbage de post levée précoce est réalisé pour lutter contre les vulpins. Assez précocement, des levés de vulpins sont déjà observées dans la modalité blé de colza du système innovant, alors qu’aucune observation de cet adventice n’est notée dans les autres modalités.
Les pois d’hiver sont semés le 7 novembre, également en bonnes conditions, suivi d’un roulage et d’un désherbage de pré levée pour palier à la forte pression adventices de la plateforme.
Les Cipans seront prochainement détruites. Avant cela, des prélèvements seront réalisés pour déterminer leur biomasse ainsi que leur teneur en azote.

Assolement de la campagne 2022/2023 : de nouvelles règles de décisions mises en pratique

Article publié le 14 novembre 2022

Avoir plus de flexibilité dans le choix des cultures et dans leur succession, telle était l’une des principales conclusions des réflexions menées lors des ateliers de re-conception des systèmes de la plateforme Syppre Berry. Au lendemain des semis des cultures d’automne, voici la présentation des principales adaptations de l’assolement mises en place pour la campagne en cours.

Priorité donnée à la gestion des adventices

La pression adventice, et en particulier des graminées (vulpin surtout et ray-grass de plus en plus) est l’une des principales problématiques de la plateforme Syppre Berry, et plus généralement des systèmes de la région. Si sur les campagnes 2016 à 2021 le système innovant a permis une légère amélioration de la maîtrise des adventices par rapport au système témoin, il faut encore progresser pour gagner en robustesse.  L’évaluation de la gestion des graminées avant récolte devient donc un élément déterminant pour le choix de la culture suivante. Ainsi, plusieurs adaptations de la rotation ont été mises en place :

  • Dans le système témoin
    • Introduction du tournesol à la place du colza : derrière l’orge d’hiver, la pression vulpin est devenue incontrôlable (entre 200 et 600 vulpins/m2). La maitrise de ces graminées dans du colza, culture initialement prévue dans la rotation témoin, aurait été très compliquée. C’est pourquoi le choix d’introduire un tournesol a été fait. L’interculture entre l’orge d’hiver et le tournesol va donc permettre un déstockage de ces graminées par faux-semis puis une esquive des levées avec le tournesol, et ainsi améliorer la gestion du désherbage dans les années suivantes. Une évolution du système témoin se justifie également par la présence de plus en plus fréquente du tournesol dans les systèmes de cultures des exploitations locales.
Introduction du tournesol à la place du colza
  • Dans le système innovant 
    • Remplacement de l’orge d’hiver par le millet : l’orge d’hiver est la culture qui précède la lentille, plutôt considérée de sortie d’hive que de printemps. Le précédent de la lentille doit donc permettre une bonne maîtrise des graminées, afin de limiter les risques de salissement dans la culture . Après avoir constaté une dérive des graminées dans le blé de pois, l’orge d’hiver initialement prévue après ce blé aurait encore accentué la pression vulpin : il a donc été décidé de couper radicalement le cycle des graminées en implantant un millet, qui permettra une meilleure maîtrise du salissement avant l’implantation de la lentille pour la campagne 2024.
    • Remplacement de la lentille par du tournesol : de la même manière que dans le système témoin, la pression graminées est devenue incontrôlable derrière l’orge d’hiver du système innovant. L’implantation de la lentille en mars n’aurait pas permis de créer une réelle rupture dans le cycle des graminées, entrainant un risque de fortes levées après le semis et de salissement difficilement contrôlable de la culture. Le tournesol, vraie culture de printemps, permettra d’esquiver davantage les levées de graminées, et donc de rompre leur cycle. La gestion des vulpins dans la céréale d’automne suivante sera donc plus facile, associée à un semis tardif et une stratégie de désherbage chimique adaptée.

Concilier les objectifs de rentabilité et d’amélioration de la fertilité du sol

Le manque de rentabilité du système innovant face au système témoin, et les difficultés de mise en place de pratiques bénéfiques à la fertilité du sol, sont des éléments qui doivent également être pris en compte dans les règles de décision du choix des cultures. Après l’évaluation de la gestion du désherbage, certaines parcelles ont également vu un ajustement de leur succession pour répondre à ces objectifs :

  • Un blé tendre après le colza du système innovant à la place du millet : après un contrôle très acceptable des vulpins dans le colza, un blé a été semé afin d’améliorer la compétitivité économique du système innovant. Le millet a quant à lui été introduit à la place de l’orge d’hiver dans une situation nécessitant une réelle rupture dans la gestion du désherbage.
  • L’association de trèfle blanc au colza du système innovant : la souplesse permettant de semer un blé après le colza à la place du millet permet de valoriser l’effet du couvert semi-permanent après la récolte du colza. La succession colza + trèfle blanc, suivie d’un blé tendre puis d’un tournesol, permettra de tenter de maintenir la présence du trèfle blanc pendant deux années après la récolte du colza. Le but est de maximiser la production de carbone et d’azote durant deux années sans avoir à ressemer un couvert végétal et de favoriser la minéralisation de l’azote dans les campagnes à venir, deux objectifs importants au sein de la plateforme Syppre Berry. L’enjeu de maintenir le trèfle dans le colza actuellement en place est donc de taille, ce qui a été récemment décidé compte tenu de la bonne gestion des dicotylédones dans le colza permettant d’éviter l’usage de désherbage antidicotylédones non sélectif des trèfles.
L’association du trèfle blanc au colza dans le système innovant

A noter également que le choix des cultures de printemps dans les deux systèmes (tournesol et millet) a permis l’implantation de couverts végétaux, avec une biomasse globalement satisfaisante compte tenu des conditions climatiques favorables de l’automne. Ces couverts d’interculture longue restent la base des apports en carbone labile et d’azote, avec une part de légumineuses en plus favorables à la minéralisation de l’azote pour les cultures de printemps, et plus globalement à l’activité biologique des sols.

Bilan des récoltes : les éléments à retenir pour la campagne 2021-2022

Article publié le 7 octobre 2022

Sur la plateforme Syppre du Berry, quels ont été les faits marquants de la campagne ? Des conditions climatiques délicates ont impacté les cultures d’automne. Globalement, la campagne a permis de tiré certaines leçons sur la robustesse des cultures.

Un climat printanier qui a impacté les cultures d’automne

Le printemps et le début de l’été 2022 ont eu un effet sur les cultures de la plateforme Syppre Berry, située à Villedieu sur Indre. Le printemps sec et chaud a fait souffrir les cultures d’automne avec un stress hydrique assez marqué dans des phases clés d’élaboration du rendement. La floraison des céréales d’hiver dans des conditions extrêmes a impacté fortement la fertilité des épis. Les épisodes orageux de mi-juin, à la veille des récoltes, n’ont malheureusement pas épargné la plateforme, dont le fort épisode de grêle a impacté la plupart des cultures d’automne.

Une récolte des pois et des orges d’hiver avant la grêle

Au niveau des orges d’hiver, l’impact de la rotation se fait sentir sur les rendements. Le système témoin décroche avec une moyenne de 53q/ha contre 63q/ha pour le système innovant. Ces 10q/ha d’écart s’expliquent principalement par un salissement plus fort en graminées dans le système témoin. L’effet du retour plus fréquent de l’orge a également un impact, avec des jaunissements précoces de l’orge témoin expliqués par une apparition probable de piétin échaudage durant la montaison. Les pois d’hiver obtiennent un rendement moyen de 33q/ha, avec des différences de rendement allant de 20 à 40q entre les blocs. La profondeur du sol, mais également l’apparition de symptômes de bacterioses et de maladies précoces, à différents degrés selon l’exposition au gel et à l’humidité de la plateforme, permettent d’expliquer ces différences de rendement.

Les colzas et les blés impactés par la grêle

Si les récoltes précoces ont permis d’éviter les impacts de la grêle pour les orges et les pois d’hiver, il n’en a pas été de même pour les colzas et les blés. Difficile d’estimer l’impact réel des orages de grêle pour des cultures à maturité. Cependant, le comptage de grains de blés tombés au sol, après analyse des Poids de Mille Grains (PMG), laisse supposer une perte de 5 à 7q/ha selon les micro parcelles, et l’avancée de la maturité physiologique des blés.

Aucune différence de rendement moyen n’a été mesurée entre les modalités et les systèmes, aussi bien pour les blés que pour les colzas, soit 24q/ha en moyenne pour les colzas et 63q/ha pour les différents blés. Le blé améliorant décroche par rapport au blé tendre, avec une moyenne d’à peine 50q/ha. C’est un écart logique compte tenu de son moindre potentiel face au blé tendre, dans des conditions climatiques favorables.

Colza et blé tendre : que déduire de l’analyse fine des rendements ?

  • Colza : les parcelles à la densité maitrisée (entre 15 et 30 pieds/m²) ont fait un meilleur rendement lors des différentes pesées. Ainsi, dans l’objectif d’un colza robuste, et dans des conditions de stress hydrique, la surdensité ne permet pas au colza d’avoir une croissance et une biomasse optimale pour obtenir son potentiel de rendement. Les conditions d’ensoleillement de post-floraison ont permis d’obtenir un bon nombre de grains par silique, limitant ainsi les faibles rendements.
  • Blés tendres : le printemps sec a mis en difficulté la valorisation des apports d’azote, impactant ainsi le statut azoté des cultures (mesuré par les indices de nutrition azotée), sauf pour le blé tendre de pois d’hiver. En effet, ce dernier a montré un statut azoté optimal à la floraison, montrant ainsi la valorisation des précédents légumineuses pour la culture du blé tendre. La minéralisation plus importante de l’azote du précédent a permis de pallier en partie à la mauvaise efficience des apports d’azote minéraux. Même si le rendement n’est pas différent des autres précédents, la teneur en protéine de 14% du blé de pois d’hiver (contre 11.5 pour les autres précédents) révèle un potentiel de rendement plus élevé mais non atteint, compte tenu des conditions de stress hydrique au printemps.

Le millet tire son épingle du jeu dans des conditions délicates

Au niveau des cultures de printemps, seuls le millet et le tournesol étaient présents sur la plateforme. Les lentilles ont été détruites assez tôt après la levée en raison d’un salissement important en dicotylédones (chardon et chénopode) et à des pertes de pieds importantes (phytotoxicité d’herbicide et fonte de semis par des champignons). Elles ont été remplacées par un tournesol.

Le millet a montré sa robustesse dans des conditions sèches et délicates de levée, après le semis en mai. Les orages de juin ont permis un remplissage des réserves, permettant d’obtenir un rendement très correct de 33q/ha. Avec un fort reliquat d’azote avant le semis, et l’absence de salissement en lien à un semis tardif, cette culture montre également une certaine rusticité avec de faibles charges d’intrants (un seul désherbage anti dicotylédones et aucun apport d’azote).

Les tournesols, en revanche, ont été malmenés de la levée jusqu’à la maturité, en raison de dégâts de pigeons lors de la levée et avant la récolte, d’un salissement très impactant en chénopodes et en chardons et des dégâts de lièvre durant la phase de montaison. Les rendements sont très faibles (entre 10 et 15q/ha).

En résumé : les effets sur le robustesse des cultures La campagne 2021/2022 a montré :

L’impact de la pression des graminées en rotation courte sur les céréales d’hiver, ainsi que la montée en puissance et la non-maîtrise de certaines dicotylédones dans le tournesol.

La valorisation des légumineuses sur la nutrition azotée des cultures suivantes : elle a ainsi un impact sur le statut azoté au printemps des cultures d’hiver, et également sur le reliquat azoté pour les cultures de printemps, ce qui permet de limiter les apports minéraux.

L’effet de la surdensité en colza impacte la croissance et la biomasse de la culture en situation de stress hydrique

L’effet des cultures de printemps en semis tardif comme le millet sur le salissement permet les faux semis et la maîtrise du désherbage.

Un essai de couvert végétal d’interculture

Article publié le 30 septembre 2022

Quelle est la technique de semis la plus adaptée dans des conditions post-moisson de plus en plus sèches ? C’est l’un des objectifs d’une plateforme de couvert végétaux, implantée dans le Pas-de- Calais en collaboration avec Lidéa et Greensol, dans le cadre d’échanges avec la plateforme Syppre Picardie.

La succès d’un couvert végétal d’interculture dépend du choix de ses espèce mais également du type d’implantation, surtout avec des conditions climatiques estivales de plus en plus sèches.

Pour apporter des clés de réussite aux agriculteurs, un essai a été mis en place en collaboration avec la société Greensol, Lidea et Terres Inovia. L’objectif ? Présenter différents types de couverts, en variétés ou espèces, mais aussi plusieurs modes d’implantation. Cette plateforme permettra d’étudier l’intérêt agronomique, les forces et faiblesses des différents couvert et méthodes d’implantation.

Cet essai pourra d’ailleurs être découvert lors d’une visite, organisée sur place le 8 novembre prochain.