Sur la plateforme Syppre du Berry, quels ont été les faits marquants de la campagne ? Des conditions climatiques délicates ont impacté les cultures d’automne. Globalement, la campagne a permis de tiré certaines leçons sur la robustesse des cultures.
Un climat printanier qui a impacté les cultures d’automne
Le printemps et le début de l’été 2022 ont eu un effet sur les cultures de la plateforme Syppre Berry, située à Villedieu sur Indre. Le printemps sec et chaud a fait souffrir les cultures d’automne avec un stress hydrique assez marqué dans des phases clés d’élaboration du rendement. La floraison des céréales d’hiver dans des conditions extrêmes a impacté fortement la fertilité des épis. Les épisodes orageux de mi-juin, à la veille des récoltes, n’ont malheureusement pas épargné la plateforme, dont le fort épisode de grêle a impacté la plupart des cultures d’automne.
Une récolte des pois et des orges d’hiver avant la grêle
Au niveau des orges d’hiver, l’impact de la rotation se fait sentir sur les rendements. Le système témoin décroche avec une moyenne de 53q/ha contre 63q/ha pour le système innovant. Ces 10q/ha d’écart s’expliquent principalement par un salissement plus fort en graminées dans le système témoin. L’effet du retour plus fréquent de l’orge a également un impact, avec des jaunissements précoces de l’orge témoin expliqués par une apparition probable de piétin échaudage durant la montaison. Les pois d’hiver obtiennent un rendement moyen de 33q/ha, avec des différences de rendement allant de 20 à 40q entre les blocs. La profondeur du sol, mais également l’apparition de symptômes de bacterioses et de maladies précoces, à différents degrés selon l’exposition au gel et à l’humidité de la plateforme, permettent d’expliquer ces différences de rendement.
Les colzas et les blés impactés par la grêle
Si les récoltes précoces ont permis d’éviter les impacts de la grêle pour les orges et les pois d’hiver, il n’en a pas été de même pour les colzas et les blés. Difficile d’estimer l’impact réel des orages de grêle pour des cultures à maturité. Cependant, le comptage de grains de blés tombés au sol, après analyse des Poids de Mille Grains (PMG), laisse supposer une perte de 5 à 7q/ha selon les micro parcelles, et l’avancée de la maturité physiologique des blés.
Aucune différence de rendement moyen n’a été mesurée entre les modalités et les systèmes, aussi bien pour les blés que pour les colzas, soit 24q/ha en moyenne pour les colzas et 63q/ha pour les différents blés. Le blé améliorant décroche par rapport au blé tendre, avec une moyenne d’à peine 50q/ha. C’est un écart logique compte tenu de son moindre potentiel face au blé tendre, dans des conditions climatiques favorables.
Colza et blé tendre : que déduire de l’analyse fine des rendements ?
- Colza : les parcelles à la densité maitrisée (entre 15 et 30 pieds/m²) ont fait un meilleur rendement lors des différentes pesées. Ainsi, dans l’objectif d’un colza robuste, et dans des conditions de stress hydrique, la surdensité ne permet pas au colza d’avoir une croissance et une biomasse optimale pour obtenir son potentiel de rendement. Les conditions d’ensoleillement de post-floraison ont permis d’obtenir un bon nombre de grains par silique, limitant ainsi les faibles rendements.
- Blés tendres : le printemps sec a mis en difficulté la valorisation des apports d’azote, impactant ainsi le statut azoté des cultures (mesuré par les indices de nutrition azotée), sauf pour le blé tendre de pois d’hiver. En effet, ce dernier a montré un statut azoté optimal à la floraison, montrant ainsi la valorisation des précédents légumineuses pour la culture du blé tendre. La minéralisation plus importante de l’azote du précédent a permis de pallier en partie à la mauvaise efficience des apports d’azote minéraux. Même si le rendement n’est pas différent des autres précédents, la teneur en protéine de 14% du blé de pois d’hiver (contre 11.5 pour les autres précédents) révèle un potentiel de rendement plus élevé mais non atteint, compte tenu des conditions de stress hydrique au printemps.
Le millet tire son épingle du jeu dans des conditions délicates
Au niveau des cultures de printemps, seuls le millet et le tournesol étaient présents sur la plateforme. Les lentilles ont été détruites assez tôt après la levée en raison d’un salissement important en dicotylédones (chardon et chénopode) et à des pertes de pieds importantes (phytotoxicité d’herbicide et fonte de semis par des champignons). Elles ont été remplacées par un tournesol.
Le millet a montré sa robustesse dans des conditions sèches et délicates de levée, après le semis en mai. Les orages de juin ont permis un remplissage des réserves, permettant d’obtenir un rendement très correct de 33q/ha. Avec un fort reliquat d’azote avant le semis, et l’absence de salissement en lien à un semis tardif, cette culture montre également une certaine rusticité avec de faibles charges d’intrants (un seul désherbage anti dicotylédones et aucun apport d’azote).
Les tournesols, en revanche, ont été malmenés de la levée jusqu’à la maturité, en raison de dégâts de pigeons lors de la levée et avant la récolte, d’un salissement très impactant en chénopodes et en chardons et des dégâts de lièvre durant la phase de montaison. Les rendements sont très faibles (entre 10 et 15q/ha).
En résumé : les effets sur le robustesse des cultures La campagne 2021/2022 a montré : –L’impact de la pression des graminées en rotation courte sur les céréales d’hiver, ainsi que la montée en puissance et la non-maîtrise de certaines dicotylédones dans le tournesol. –La valorisation des légumineuses sur la nutrition azotée des cultures suivantes : elle a ainsi un impact sur le statut azoté au printemps des cultures d’hiver, et également sur le reliquat azoté pour les cultures de printemps, ce qui permet de limiter les apports minéraux. –L’effet de la surdensité en colza impacte la croissance et la biomasse de la culture en situation de stress hydrique –L’effet des cultures de printemps en semis tardif comme le millet sur le salissement permet les faux semis et la maîtrise du désherbage. |