Avoir plus de flexibilité dans le choix des cultures et dans leur succession, telle était l’une des principales conclusions des réflexions menées lors des ateliers de re-conception des systèmes de la plateforme Syppre Berry. Au lendemain des semis des cultures d’automne, voici la présentation des principales adaptations de l’assolement mises en place pour la campagne en cours.
Priorité donnée à la gestion des adventices
La pression adventice, et en particulier des graminées (vulpin surtout et ray-grass de plus en plus) est l’une des principales problématiques de la plateforme Syppre Berry, et plus généralement des systèmes de la région. Si sur les campagnes 2016 à 2021 le système innovant a permis une légère amélioration de la maîtrise des adventices par rapport au système témoin, il faut encore progresser pour gagner en robustesse. L’évaluation de la gestion des graminées avant récolte devient donc un élément déterminant pour le choix de la culture suivante. Ainsi, plusieurs adaptations de la rotation ont été mises en place :
- Dans le système témoin
- Introduction du tournesol à la place du colza : derrière l’orge d’hiver, la pression vulpin est devenue incontrôlable (entre 200 et 600 vulpins/m2). La maitrise de ces graminées dans du colza, culture initialement prévue dans la rotation témoin, aurait été très compliquée. C’est pourquoi le choix d’introduire un tournesol a été fait. L’interculture entre l’orge d’hiver et le tournesol va donc permettre un déstockage de ces graminées par faux-semis puis une esquive des levées avec le tournesol, et ainsi améliorer la gestion du désherbage dans les années suivantes. Une évolution du système témoin se justifie également par la présence de plus en plus fréquente du tournesol dans les systèmes de cultures des exploitations locales.
- Dans le système innovant
- Remplacement de l’orge d’hiver par le millet : l’orge d’hiver est la culture qui précède la lentille, plutôt considérée de sortie d’hive que de printemps. Le précédent de la lentille doit donc permettre une bonne maîtrise des graminées, afin de limiter les risques de salissement dans la culture . Après avoir constaté une dérive des graminées dans le blé de pois, l’orge d’hiver initialement prévue après ce blé aurait encore accentué la pression vulpin : il a donc été décidé de couper radicalement le cycle des graminées en implantant un millet, qui permettra une meilleure maîtrise du salissement avant l’implantation de la lentille pour la campagne 2024.
- Remplacement de la lentille par du tournesol : de la même manière que dans le système témoin, la pression graminées est devenue incontrôlable derrière l’orge d’hiver du système innovant. L’implantation de la lentille en mars n’aurait pas permis de créer une réelle rupture dans le cycle des graminées, entrainant un risque de fortes levées après le semis et de salissement difficilement contrôlable de la culture. Le tournesol, vraie culture de printemps, permettra d’esquiver davantage les levées de graminées, et donc de rompre leur cycle. La gestion des vulpins dans la céréale d’automne suivante sera donc plus facile, associée à un semis tardif et une stratégie de désherbage chimique adaptée.
Concilier les objectifs de rentabilité et d’amélioration de la fertilité du sol
Le manque de rentabilité du système innovant face au système témoin, et les difficultés de mise en place de pratiques bénéfiques à la fertilité du sol, sont des éléments qui doivent également être pris en compte dans les règles de décision du choix des cultures. Après l’évaluation de la gestion du désherbage, certaines parcelles ont également vu un ajustement de leur succession pour répondre à ces objectifs :
- Un blé tendre après le colza du système innovant à la place du millet : après un contrôle très acceptable des vulpins dans le colza, un blé a été semé afin d’améliorer la compétitivité économique du système innovant. Le millet a quant à lui été introduit à la place de l’orge d’hiver dans une situation nécessitant une réelle rupture dans la gestion du désherbage.
- L’association de trèfle blanc au colza du système innovant : la souplesse permettant de semer un blé après le colza à la place du millet permet de valoriser l’effet du couvert semi-permanent après la récolte du colza. La succession colza + trèfle blanc, suivie d’un blé tendre puis d’un tournesol, permettra de tenter de maintenir la présence du trèfle blanc pendant deux années après la récolte du colza. Le but est de maximiser la production de carbone et d’azote durant deux années sans avoir à ressemer un couvert végétal et de favoriser la minéralisation de l’azote dans les campagnes à venir, deux objectifs importants au sein de la plateforme Syppre Berry. L’enjeu de maintenir le trèfle dans le colza actuellement en place est donc de taille, ce qui a été récemment décidé compte tenu de la bonne gestion des dicotylédones dans le colza permettant d’éviter l’usage de désherbage antidicotylédones non sélectif des trèfles.
A noter également que le choix des cultures de printemps dans les deux systèmes (tournesol et millet) a permis l’implantation de couverts végétaux, avec une biomasse globalement satisfaisante compte tenu des conditions climatiques favorables de l’automne. Ces couverts d’interculture longue restent la base des apports en carbone labile et d’azote, avec une part de légumineuses en plus favorables à la minéralisation de l’azote pour les cultures de printemps, et plus globalement à l’activité biologique des sols.