Sur Syppre Champagne, la maitrise des adventices est globalement bonne sur les céréales, mais la prudence est de mise sur certaines d’entre elles. Sur une plateforme où le potentiel de salissement est conséquent du fait de l’historique du site, des difficultés sont relevées sur betteraves, pois et colza.
Deux systèmes sont en place sur Syppre Champagne : un témoin représentatif d’une rotation locale optimisée, et un système innovant visant à répondre à plusieurs objectifs, dont la réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires, et des émissions de gaz à effet de serre. Le compromis retenu pour satisfaire à de nombreux objectifs se fait parfois aux dépens de la bonne maitrise des adventices sur la plateforme champenoise.
Sur colza, les difficultés rencontrées sont très souvent liées à des situations où le développement du colza n’a pas été bon, ou bien à des situations où des compromis ont été décidés pour tenter de répondre à l’objectif de multi-performances (intervention tardive pour maintenir des plantes compagnes, prise de risque pour réduire l’IFT). Sur pois, les attaques de pigeons, très fréquentes et intenses, peuvent conduire à un re-salissement tardif, dans un contexte où la forte pression en dicotylédones rend déjà la maitrise délicate.
Betterave : prudence derrière chanvre et en techniques culturales simplifiées
Sur les betteraves du système témoin, avec un labour, la maitrise du désherbage a toujours été satisfaisante grâce à l’emploi d’une rampe de localisation et d’une bineuse. Dans le système innovant, l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de limiter les phénomènes de battance a conduit à utiliser un strip-till. Son utilisation combinée à une rampe de localisation et à une bineuse n’est pas aisée, et a conduit à des échecs.
De plus, la présence d’un chanvre en ante-précédent d’une des betteraves du système innovant entraine une pression en chénopodes significativement plus importante que sur les autres modalités. Le site étant soumis à une forte présence d’adventices de printemps, la conduite du chanvre mène souvent à la présence de chénopodes à graines lors de la récolte. Les conséquences se retrouvent alors sur la betterave, sans pour autant que cela ne soit une fatalité.
La figure ci-dessous donne les notes de satisfaction de désherbage pour la betterave du système innovant avec le chanvre en ante-précédent (en bleu), et pour la betterave du système témoin (en marron) :
En 2023, l’abandon du strip-till sur la modalité du système innovant, remplacé par un déchaumage profond, a facilité le déploiement de la rampe de localisation et de la bineuse. Malgré une densité de chénopodes estimée autour de 120 plantes/m² avant le premier désherbage, la gestion a été bonne, contrairement aux années antérieures. La prudence reste de mise sur la répétabilité de cette réussite.
Ne jamais passer la maitrise des vulpins au second plan
Si la maitrise des graminées, et des autres adventices, est globalement très satisfaisante sur toutes les modalités de blé, la présence de vulpins résistants sur la plateforme fait payer chère la moindre erreur réalisée.
Un antigraminées réalisé trop tardivement sur pois de printemps, pour conserver au maximum un blé associé visant à limiter les dégâts d’oiseaux, a conduit à la grenaison de vulpins. Les conséquences sont illustrées sur le schéma ci-dessous, par la séquence 1 : les vulpins étaient très présents dans le colza suivant mais ont pu être gérés, ce qui n’est pas le cas dans le blé suivant le colza. Une densité de vulpins estimée autour de 45 plantes/m² a été observée avant la récolte. Sur la séquence 2, la maitrise des adventices dans le blé de colza a été parfaite. Une perte proche de 10 q/ha a été constatée sur le blé de colza de la séquence 1 par rapport au blé de colza de la séquence 2.
L’atteinte de la multi-performance, visée sur le système innovant, ne doit en aucun conduire à des compromis négligeant la gestion des vulpins, au risque sinon de très rapidement dégrader la situation.
Redoubler d’attention sur les orges en techniques culturales simplifiées
Selon les conditions d’humidité au printemps, la gestion des adventices sur orge de printemps consiste à réaliser un passage de herse étrille ou bien une intervention chimique à base de Bofix. Deux orges sont présentes sur la plateforme, dont une sur labour dans un système avec un labour une année sur deux, et une conduite en techniques culturales simplifiées (TCS), avec un dernier labour 3 ou 5 ans auparavant.
Globalement, la maitrise des adventices est moins bonne sur l’orge en TCS, comme le montre la figure ci-dessous, indiquant les notes de satisfaction de désherbage sur les trois dernières campagnes.
Un renforcement de la gestion des adventices sur cette modalité devra être considérée.