Les résultats

Chaque année, les expérimentateurs du projet Syppre en sols argilo-calcaires du Berry font un bilan des résultats et enseignements, de la campagne écoulée, et en pluriannuel depuis le début de l’expérimentation.

La campagne 2021-2022 est encore une campagne marquée par des conditions climatiques exceptionnelles, avec une sécheresse printanière et estivale historique qui pénalise l’ensemble des cultures sur leur fin de cycle.

La réussite des couverts d’interculture est assez mitigée sur cette campagne, seuls certains couverts d’intercultures longues sont mis en place, et font face à une forte concurrence adventices. L’implantation du colza, bien que réalisée début août en conditions climatiques favorables, n’aboutit pas à la mise en place d’un colza robuste. La surdensité de pieds, combinée à un manque d’azote à l’automne, explique en partie le manque de robustesse du colza innovant, par rapport au colza témoin qui lui a été semé en direct et a reçu de l’azote en août. Malgré l’arrêt de croissance du colza observée dès fin septembre et son manque de robustesse, la gestion des adventices, maladies et ravageurs est finalement bien maitrisée sur le reste du cycle. L’implantation des céréales d’hiver et du pois d’hiver se réalise dans des conditions favorables, avec des pluies qui arrivent en novembre, tout comme l’implantation des cultures de printemps, conduisant ainsi à des belles levées pour l’ensemble des cultures de la plateforme.

La difficile maîtrise des adventices

La maitrise des adventices reste une problématique majeure sur la plateforme, avec en plus de la problématique vulpins le développement d’une flore de dicotylédones de printemps et de vivaces qui impactent les cultures de printemps (surtout lentille et tournesol cette année). Ainsi, les lentilles ont dû être détruites et remplacées par un tournesol, en partie à cause d’un salissement non maitrisé, et le rendement tournesol a quant à lui été fortement impacté par la pression en chénopodes et chardons. En revanche, les adventices d’automne ont bien été maitrisées en céréales, colza, et pois en partie grâce au renforcement des programmes de désherbage d’automne. De plus, le retour du glyphosate sur la plateforme a permis de semer les céréales en semis direct, et donc d’éviter de travailler le sol pour limiter les levées d’adventices d’automne. La succession de 2 cultures de printemps est un autre levier qui cette année encore se montre efficace pour rompre le cycle des adventices d’automne : le blé suivant la succession millet – tournesol est plus propre que le blé de pois et le blé de colza témoin. On note également un salissement en raygrass et vulpins qui s’intensifie en fin de rotation innovante (blé de pois, orge). Cependant, la pression en graminées d’automne est plus importante encore dans le système témoin, en particulier lorsque l’on compare les orges témoin et innovant. Ce salissement plus important explique en partie les 10 q/ha de moins obtenus en orge témoin.

Des conditions climatiques qui pénalisent les rendements

La nutrition azotée est moyennement satisfaisante cette année, dans un contexte où le stress hydrique a limité la valorisation de l’azote au printemps. Parmi les blés tendres, seul le blé de pois, qui bénéficie d’un précédent légumineuse, a un bon statut azoté à floraison. Le printemps chaud et sec a fortement pénalisé le rendement des cultures, en particulier des cultures d’automne qui ont été impactées lors de phases clés d’élaboration du rendement (faible PMG sur céréales). Des épisodes de grêle ont également impacté les colzas et les blés. Les rendements sont globalement inférieurs aux objectifs fixés, mais restent très corrects au vu des conditions climatiques et correspondent aux moyennes régionales. Le millet, qui a bénéficié des pluies d’orage début juin, se montre particulièrement performant cette année malgré la sécheresse au semis et durant l’été.

En pluriannuel, on constate une bonne maitrise agronomique du système innovant, notamment en termes de gestion des maladies, des ravageurs, de la nutrition azotée et de l’implantation. La maitrise de l’interculture, du travail du sol comme de l’implantation des couverts, ainsi que la maitrise des adventices sont encore à améliorer à l’avenir (tableau 1).

Tableau 1 : Évaluation de la maîtrise technique et agronomique pour chaque rubrique de gestion du système de culture innovant (vert : satisfaisante, jaune : moyennement satisfaisante, rouge : non satisfaisante)

Un système innovant qui tend vers la multi-performance, dans un contexte climatique pourtant peu favorable

Les performances économiques du système innovant sont équivalentes à celles du système témoin sur cette campagne, malgré le contexte de sécheresse printanière et estivale qui avait tendance à pénaliser les cultures de diversification et ainsi favoriser le système témoin par rapport à l’innovant les années précédentes. Exceptés les échecs en lentille et tournesol, les cultures de diversification réussissent plutôt bien, en particulier le millet qui représente la marge la plus importante de l’assolement. L’intérêt de cette culture de diversification, notamment en contexte de sécheresse estivale, sera à confirmer sur les années à venir.

Une rentabilité du système innovant légèrement moindre

En moyenne pluriannuelle, le système innovant est légèrement moins rentable que le système témoin, mais les résultats sont encourageants car la rentabilité du système innovant est au moins égale à celle du témoin sur les 2 dernières campagnes (tableau 2). La variabilité est en revanche beaucoup plus élevée dans l’innovant, traduisant un manque de robustesse.

Enfin, les performances du système innovant sont très bonnes en termes de réduction de l’usage des intrants et des impacts environnementaux, grâce à l’introduction de cultures de diversification peu exigeantes en intrant. En revanche, bien que l’IFT en innovant reste inférieur au témoin, les objectifs de réduction par rapport à la référence nationale ne sont pas atteints cette campagne. Cela s’explique notamment par l’IFT herbicide assez élevé (programmes de désherbage à l’automne en céréale et colza chargés, réintroduction du glyphosate sur la plateforme).

Tableau 2 : Performances du système de culture innovant (et variation par rapport à l’objectif)

Des enseignements utiles pour répondre aux défis des systèmes de production de Champagne berrichonne

Que les résultats soient positifs ou négatifs, ces premières années d’expérimentation du système innovant ont permis de générer des enseignements utiles à tous ceux qui souhaitent s’engager dans la transition agroécologique en sols argilo-calcaires moyens (tableau 3).

Tableau 3 : Enseignements des 7 premières années d’expérimentation du système innovant du Berry

Pour aller plus loin

Les derniers résultats issus de la plateforme du Berry ont été présentés lors d’un webinaire le 7 mars 2023. Pour consulter le replay, cliquez ici.