Sur les parcelles du système innovant, deux points clés sont à retenir en ce début d’hiver : une gestion du désherbage efficace et une faim d’azote sur des colzas précoces.
La succession de deux cultures de printemps, une rotation efficace pour le désherbage
Premier constat de ce début d’hiver : le blé de tournesol qui suit une succession de deux cultures de printemps ont des parcelles très propres. En effet, les vulpins sont inexistants sur les parcelles de cette rotation, alors que dans le système témoin (colza/blé/orge d’hiver), on voit apparaître 200 à 300 vulpins par mètre carré dans les parcelles d’orge d’hiver. « C’est très positif, on voit bien ici l’efficacité et la puissance de cette rotation sur le salissement », précise Matthieu Loos, ingénieur de développement de Terres Inovia, coordinateur de la plateforme Syppre Berry. « Dans la réflexion sur les prochaines orientations à prendre sur le système innovant, il faudra donc certainement garder une rotation avec deux cultures de printemps qui se suivent car c’est particulièrement bénéfique à la gestion du désherbage de la culture suivante et de la rotation ». En effet, cette succession culturale crée deux grandes périodes d’interculture, permettant de faire un déstockage des graines de vulpin. Le précédent tournesol permet de semer le blé qui suit en semis direct, sans travail préalable du sol, évitant ainsi la mise en germination du peu des graines de vulpins pouvant rester dans les parcelles.
Colzas semés avant le 10 aout : une faim d’azote problématique
Deuxième point clé du bilan d’automne : la croissance des colzas du système innovant semés avant le 10 août, avec un travail du sol effectué avant le semis, n’a pas été optimale. « L’objectif d’avoir des plantes qui lèvent tôt en bénéficiant des pluies après le semis a été atteint : les colzas ont levé très tôt, avec un stade 4-6 feuilles obtenu mi-septembre, permettant d’éviter de traiter les altises d’hiver adultes », rappelle Matthieu Loos. Mais, à partir de fin septembre, les colzas sont entrés en décroissance. La raison ? « Le travail du sol avant le semis a favorisé la dégradation de la paille de la culture du précédent, ce qui est en général consommateur d’azote ». L’azote contenu dans le sol après le semis (notamment dans une rotation contenant des cultures de légumineuses) a donc été consommé durant cette phase, entraînant de fait une faim d’azote pour le colza, et donc une décroissance précoce des plantes. « Quand on sème le colza tôt voire trop tôt, avant le 10 août, combiné à un travail du sol, nous avons vu cette année que cela pouvait entraîner un problème de décroissance ». La succession d’une légumineuse suivie d’une culture très consommatrice en azote comme le blé dur doit permettre de maintenir une quantité d’azote suffisante pour que les colzas en bénéficient à l’automne. Tout comme la gestion du désherbage, le lien avec la fertilité du sol et la libération d’éléments nutritifs (comme l’azote) doit donc être pris en compte dans les réflexions sur les orientations à prendre sur le système innovant.