Les 30 et 31 mars 2022 la réunion finale du projet européen DiverIMPACTS s’est tenue à Namur (Belgique). Au terme de 5 ans de travail, ce fut l’occasion pour les 34 partenaires du projet de partager les résultats obtenus, d’évaluer leurs impacts et de tirer des leçons à retenir pour l’avenir.
DiverIMPACTS, un projet pour stimuler la diversification des systèmes de culture à l’échelle Européenne
Financé par le programme H2020 de Recherche & Innovation de l’Union Européenne, pour une durée de 5 ans (2017-2022), le projet DiverIMPACTS, coordonné par l’INRAe s’était fixé comme objectif d’exploiter le plein potentiel de la diversification des systèmes de culture afin d’améliorer leur productivité, augmenter la fourniture de services écosystémiques et permettre aux chaînes de valeur agricoles d’être plus performantes et durables. Pour ce faire, le projet a mis en place pas moins de 25 cas d’étude et 10 plateformes d’essais à travers 11 pays européens afin d’étudier l’impact de la diversification des cultures sur des systèmes conventionnels et biologiques en grandes cultures, polyculture-élevage et en horticulture.
La diversification des systèmes de cultures et ses avantages
La diversification des cultures consiste à introduire de nouvelles espèces (dans l’espace et/ou dans le temps), complémentaires au système de culture existant, afin de compenser ses faiblesses, de le rendre plus résilient et durable d’un point de vue environnemental, économique et social. La diversification des cultures est un principe agroécologique qui repose sur trois grandes pratiques culturales : l’allongement des rotations (ajout de nouvelles cultures à la rotation existante), la culture multiple (augmentation du nombre de cultures cultivées sur une même parcelle au cours d’une année) et les cultures associées (cultiver plusieurs plantes en même temps sur une même parcelle).
En s’appuyant sur la complémentarité des espèces, la diversification des cultures est un levier majeur pour rompre le cycle de développement de certains ravageurs, maladies et adventices, améliorer la résilience face au changement climatique, tout en augmentant la robustesse et la rentabilité des systèmes de culture.
Arvalis dans le projet DiverIMPACTS
L’Institut a eu un rôle majeur, aux côtés de Terres Inovia et de l’ITB, dans le suivi de 5 cas d’étude et l’animation d’un réseau des 10 plateformes d’essais mettant en œuvre des systèmes diversifiés innovants. Ces derniers ont notamment intégré 3 plateformes françaises du dispositif Syppre dans le Béarn, le Berry et la Champagne, visant à accompagner les agriculteurs français vers de nouveaux systèmes de production répondant aux défis de l’agriculture et aux attentes de la société. Chaque système innovant a pu être évalué méthodiquement en termes de performance technique, économique et environnemental grâce à l’outil d’aide à la décision stratégique SYSTERRE® qui s’est appuyé sur le développement d’indicateurs spécifiques. Ces travaux ont contribué à fournir aux acteurs des territoires des outils et innovations clés permettant de lever les freins à l’utilisation des bénéfices de la diversification des cultures au niveau des exploitations, des filières et des territoires.
Des résultats nombreux et globalement encourageants
Le mode et le niveau de diversification dépendent de nombreux facteurs : conditions pédoclimatiques, objectifs de l’agriculteur, propension aux risques, pressions biotiques, infrastructures, opportunités de marché… Ils sont donc à raisonner au cas par cas.
Dans le cadre du projet, la plupart des expérimentations et des cas d’études ont montré des performances globales des systèmes de culture diversifiés supérieures à celles de leurs références moins diversifiées. Les plus grands progrès ont été réalisés sur la dimension environnementale en raison de la diminution des intrants notamment. Parfois, il a été observé des conflits entre dimensions de durabilité, pouvant ainsi freiner l’adoption de pratiques de diversification. En particulier lorsqu’il s’agit d’une diminution de la performance économique des systèmes diversifiés par rapport à leurs références, malgré de bonnes performances dans les autres dimensions.
Au total, ce sont 46 barrières à la diversification qui ont été recensées, de la fourche à la fourchette. Ces barrières sont interconnectées : la collaboration entre les acteurs des filières est alors essentielle pour pouvoir les lever simultanément.
De nombreux livrables d’aide à la diversification permettant de lever ces barrières ont ainsi été produits ciblant les différents acteurs de la chaîne de valeur agricole : un guide pour la conception et la conduite de projets multi-acteurs, une boîte à outils en ligne recensant 143 ressources utiles pour accompagner la diversification des cultures à destination des différents acteurs de la filière agricole, des centaines de recommandations techniques régionalisées, des recommandations politiques pour favoriser les initiatives de diversification prenant en compte les contraintes de production et de marché…
Ces résultats sont partagés sur le site internet du projet : https://www.diverimpacts.net/
“Do better things instead of doing things better.”
Cette phrase, prononcée par un des partenaires, pourrait bien être le parfait résumé des résultats obtenus dans ce projet. Au-delà de l’étude de la diversification des cultures, DiverIMPACTS a accompagné les acteurs de la chaine de valeur agricole (agriculteurs, conseillers, organismes économiques, parties prenantes, chercheurs… etc.) à repenser les systèmes de culture en prenant en compte l’intégralité de la filière et non un seul maillon.
Les résultats du projet rappellent aussi que la diversification n’est pas une fin en soi, mais un moyen prometteur pour concilier productivité suffisante et durabilité.