Depuis 2021, le système innovant de la plateforme Syppre Berry atteint son objectif de triple performance : économique, environnemental et de productivité. Un résultat obtenu après cinq ans d’ajustement.
Le système innovant de la plateforme Syppre Berry, a connu de nombreux ajustements depuis sa conception initiale il y a 8 ans. Par rapport au système témoin (colza – blé – orge), il inclut des cultures de diversification adaptées au contexte argilo-calcaire superficiel local – notamment des légumineuses- maximise l’usage de couverts végétaux, en interculture ou en association, et le travail du sol y est plus flexible (Figure1). Les leviers mis en place sur ce système visent à améliorer la robustesse des cultures, pour leur permettre d’atteindre leur potentiel de rendement tout en optimisant l’usage des intrants, et ainsi stabiliser et améliorer les marges.
Le système innovant est plus économe en intrant
En moyenne entre 2017 et 2023, le système innovant permet de conséquentes économies d’intrants par rapport au témoin : – 30% d’azote minéral apporté et – 21% d’IFT total. La réduction de l’apport d’azote minéral, en grande partie due à l’introduction de légumineuses et de cultures moins exigeantes en azote telles que le tournesol ou le millet, contribue fortement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (-25%). Concernant l’usage des produits phytosanitaires, au-delà de la dilution des quantités utilisées à l’échelle système liée à l’introduction de cultures moins exigeantes (millet, tournesol…), des réductions sont observées sur les cultures majeures du système innovant par rapport au témoin. En herbicides et insecticides notamment, grâce à la combinaison des leviers mis en place. Deux exemples mettent bien en évidence cette réduction de l’usage de phytosanitaires dans le système innovant, sans impact négatif sur le rendement, et donc avec amélioration de la marge.
L’exemple du colza
La conduite colza robuste est mise en pratique sur la plateforme : semis début août, juste avant une pluie, associée à un couvert de légumineuses pour protéger l’inter-rang des adventices. Deux ans après, une légumineuse est semée afin de laisser à ces sols à minéralisation lente le temps de rendre disponible l’azote, pour un bon démarrage du colza.
Sur le système innovant, le positionnement du colza après la succession lentille – blé dur ou améliorant doit permettre de favoriser la fourniture en azote en début du cycle. L’objectif est d’avoir un colza vigoureux à l’automne, avec une biomasse suffisante pour résister aux ravageurs, et donc limiter les insecticides d’automne. Les IFT insecticides du système innovant, et donc les charges insecticides, sont inférieurs ou égaux au témoin 4 années sur 5. Par ailleurs, l’effet positif de la rotation sur la pression graminées, cumulé avec l’effet du semis direct, conduit à un programme herbicide relativement plus léger certaines années sur l’innovant. Et donc à des charges herbicides réduites. De plus, le rendement étant en moyenne supérieur dans l’innovant, la marge se trouve nettement améliorée (figure 2).
L’exemple des blés
Les blés innovants font mieux que celui du témoin car ils bénéficient de l’effet système positif sur la gestion des graminées hivernales. En particulier, le salissement est réduit dans le blé suivant la succession millet – tournesol. Les charges herbicides sont ainsi moindres dans le système innovant, ainsi que les charges de mécanisation. Bien que le rendement moyen pour l’ensemble des blés soit équivalent dans les deux systèmes, le rendement du blé de tournesol innovant, très propre, est systématiquement supérieur au rendement du blé témoin. Au final, la marge semi directe du blé est en moyenne supérieure dans l’innovant (figure 3).
Une marge semi directe très proche depuis 3 campagnes
En 2020, suite à des difficultés économiques récurrentes, liées à des échecs de cultures ainsi qu’au renforcement de la problématique adventices, le système innovant a fait l’objet d’une reconception. La gestion des adventices a alors été replacée au cœur des priorités. Il intègre depuis plus de flexibilité dans le choix des cultures en fonction du salissement constaté sur la parcelle, et certaines cultures peu adaptées comme le maïs ont été remplacées par du millet. On constate depuis 2021 une amélioration de la maitrise des adventices, et des performances économiques de l’innovant, tout en maintenant de bonnes performances environnementales et d’usage d’intrants. Pour les campagnes 2021, 2022 et 2023, la marge semi directe entre le témoin et l’innovant est ainsi très proche (figure 4).
Un temps de traction plus élevé mais mieux réparti dans l’innovant
Si le temps de travail augmente dans l’innovant (3h/ha vs 2.8h/ha pour le témoin), il est davantage réparti sur l’année. Il augmente ainsi sensiblement au printemps et en novembre, mais il est réduit sur la période estivale en juin et juillet, et sur celle des semis de céréales en octobre. Le temps de traction mensuel est alors limité lors des pointes de travail constatées dans le témoin (figure 5).
Cependant, il est important de noter que le temps de travail hors traction augmente également. Ce temps recouvre les observations en parcelles, les règles de décisions à élaborer, l’apprentissage des modes de conduite des nouvelles cultures. Ce temps d’appropriation et de calage du nouveau système est important. Les agriculteurs du réseau Syppre Berry le soulignent d’ailleurs.