Le colloque Syppre Champagne qui s’est déroulé le 24 octobre à Bétheny (51) a été l’occasion de rappeler les résultats obtenus des systèmes conduits sur la plateforme expérimentale.
Le système dit « innovant » présente des performances économiques et de productivité, fortement dégradées par rapport au système dit « témoin ». Les performances relatives à l’utilisation d’intrants, notamment les apports de fertilisants minéraux azotés sont quant à elles meilleures.
Des performances antagonistes pour les cultures de diversification
Les cultures de diversification mises en place sur la plateforme, à savoir actuellement le chanvre et le pois d’hiver, expliquent en grande partie la réduction des apports minéraux azotés du système innovant par rapport au système témoin. Le graphique ci-dessous donne les résultats moyens obtenus sur la période 2017/2023 :
Pour les cultures présentes dans les deux systèmes, rares sont les écarts constatés en faveur de la culture présente dans le système innovant. Le colza fait figure d’exception avec des apports moins conséquents dans le système innovant grâce principalement au pois positionné comme culture précédente.
Cependant, ces cultures présentent des performances économiques dégradées sur la plateforme champenoise, comme le montre la figure ci-dessous.
Elles s’expliquent en partie par les nombreux dégâts d’oiseaux subis sur la plateforme, avec des années sans récolte pour certaines d’entre elles (2020 et 2023 pour le pois d’hiver, 2023 pour le chanvre, etc.).
* Seuls les résultats des cultures présentes plus de trois ans dans le système innovant sont présentés. Le pois de printemps a été retiré du système innovant en 2022.
Mieux exploiter le potentiel des cultures de diversification
Le résultat de ces cultures de diversification est tout de même à mettre au regard de l’impact qu’elles peuvent avoir dans certaines successions de cultures.
Sur la période 2020 à 2023, le blé de chanvre présente en moyenne un rendement supérieur de 22 % au rendement du blé de colza. En revanche, un salissement plus conséquent est constaté dans les betteraves suivant le blé de chanvre. Cela est le fait de chénopodes montés à graines dans le chanvre et d’itinéraires conduits en techniques culturales simplifiées. Ce salissement, combiné à l’utilisation du strip-till sans glyphosate pour l’implantation des betteraves, a pu conduire certaines années à des échecs conséquents de maitrise des adventices. La bonne valorisation du chanvre dans la rotation passe donc par la maitrise des adventices dans les betteraves suivant le blé. L’abandon du strip-till ainsi que le recours au binage, combiné à la localisation d’une partie des herbicides, et à des variétés Smart, remettent au premier plan cet objectif, tout en réduisant l’IFT.
Le colza positionné derrière le pois présente lui aussi des performances intéressantes par rapport au colza présent dans le système témoin. Combiné à l’emploi du strip-till pour l’implantation du colza, la légumineuse en culture précédente permet un développement automnal du colza plus conséquent que dans le système témoin et, certaines années, une réduction de l’IFT et de la dose d’azote minéral apportée. En revanche, la plus-value de la séquence légumineuse-colza repose sur la sécurisation de la conduite de la légumineuse. Compte tenu des nombreux dégâts d’oiseaux subis sur le pois, il sera remplacé par la lentille pour la prochaine campagne.