Se passer de glyphosate si possible, sans pénaliser les autres enjeux de durabilité

Dès 2018, les directeurs des trois instituts ont souhaité que l’Action Syppre s’engage dans la recherche d’alternatives à l’usage du glyphosate, et l’ont réaffirmé en 2020 compte tenu des menaces d’interdiction du produit à moyen terme : 2023 pour la France, 2025 pour l’Europe. L’objectif est clair : contribuer à l’émergence de solutions efficaces à l’échelle du système de culture, et chiffrer les coûts et bénéfices de leur mise en œuvre.

Les travaux concernent essentiellement les cinq plateformes expérimentales : on y vise le « zéro glyphosate » sans mettre en péril l’état sanitaire des parcelles, et en limitant l’impact sur les performances techniques, économiques et environnementales des systèmes de culture.

Les règles partagées par les équipes sont de trois niveaux :

  1. mettre en place des stratégies qui permettent a priori de se passer de cet herbicide sur les 3 usages majeurs (gestion des repousses post-récolte, destruction des couverts d’interculture, implantation des cultures sur sol propre) 
  2. si les stratégies préventives n’ont pas fonctionné et si sa non-utilisation menace la multiperformance du système ou la gestion à long terme des adventices, alors il peut être utilisé en dernier recours.
  3. l’usage en dernier recours doit être fait selon les bonnes pratiques recommandées par les instituts, dans le but de maximiser l’efficience des doses apportées tout en réduisant les impacts.

Après deux campagnes de mise en œuvre, aucune alternative crédible vis-à-vis de la multi-performance n’a encore pu émerger des plateformes, sans surprise.

L’objectif « zéro glypho » a amené des changements conséquents des stratégies techniques qui ont généralement permis de réduire ou de supprimer l’usage du glyphosate mais avec plus ou moins de succès et de répétabilité.

Parmi les retours d’expérience :

  • Dans le système innovant du Lauragais, le tournesol a pu être semé en direct derrière couvert, sans glyphosate deux années de suite. Il a été nécessaire de passer un outil à dents pour finir d’éliminer le ray-grass qui s’était développé dans le couvert de féverole/phacélie, et qui avait résisté à un premier passage de rouleau. Dans les conditions du printemps 2019, et 2020 cette alternative s’est avérée d’une bonne efficacité sans pouvoir encore juger de l’effet positif sur la structure du sol et l’érosion. Par ailleurs, il reste nécessaire de vérifier la reproductibilité de l’expérience, et de chiffrer le coût de l’alternative mécanique d’un point de vue économique et d’émissions de GES…
  • Dans le système innovant du Berry : la mise en place de céréales d’hiver en semis direct sans glyphosate a été possible en conditions sèches à l’automne et sur des précédents tournesols peu infestés. Cependant la stratégie s’est avérée impossible dans le contexte de l’automne 2019, en présence de vulpin et de géranium : compte tenu des pluies incessantes, les destructions mécaniques n’ont pas pu être appliquées – et elles n’auraient pas été efficaces ! Seul le labour – tardif par conséquence, a permis de semer sur sol propre, en dérogeant à l’objectif de Syppre dans le Berry de limiter le travail profond du sol pour des raisons économique et de structure du sol (maintien de la matière organique dans les horizons de surface).

Par ailleurs, le glyphosate a encore dû être utilisé en dernier recours à plusieurs reprises, comme dans le Béarn ou l’herbicide reste une condition à la faisabilité de certaines alternatives à la monoculture de maïs que l’équipe teste en non labour sur la plateforme.

Quelques campagnes supplémentaires permettront d’enrichir ce premier bilan, qui sera à décliner comme on l’illustre ci-dessus, selon les situations de production. De nouvelles pistes restent à explorer avec l’appui des comités de pilotage des projets régionaux et les réseaux d’agriculteurs innovants.

Article issu du Dossier de presse Syppre

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