Réussir des colzas levés tardivement, est-ce possible?

Le manque de pluie à l’été 2020 a eu un impact sur les colzas, qui ont tardé à lever. Faut-il les conserver ? Quelques éléments de réponse avec Gilles Sauzet, ingénieur de développement chez Terres Inovia et responsable de la plateforme Syppre Berry.

La situation

Dans le Berry, et l’Indre en particulier, le manque de précipitations en juillet et août 2020 a empêché certaines parcelles de colza de lever au moment le plus opportun, avant le 1er septembre. Des pluies intervenues fin septembre ont entraîné une levée tardive de colzas. Cette situation a été constatée en 2020 sur la plateforme, et même depuis deux ans sur les exploitations d’agriculteurs partenaires de Syppre dans le Berry.

Deux critères importants : la date de levée et la structure de peuplement

« Il est possible de conserver des colzas qui ont levé tardivement en prenant en compte deux facteurs », indique Gilles Sauzet. D’abord, la date de levée est primordiale : celle-ci ne doit pas dépasser la fin du mois de septembre. Autre critère essentiel : la structure de peuplement. « Il peut être intéressant de conserver les colzas levés tardivement si le peuplement est de qualité et la répartition homogène. Celui-ci doit être situé entre 15 et 35 pieds par mètre carré, à adapter bien-sûr au contexte pédologique ». La réussite de ces colzas sera, de toute façon, fortement dépendante des conditions météorologiques, contrairement à un colza robuste. « L’agriculteur prend un risque supplémentaire, mais la réussite de la campagne n’est pas impossible ».

Anticipation et observation de rigueur

Pour réussir ses colzas dans ces conditions, il est alors indispensable de redoubler de vigilance en anticipant les agressions d’insectes et le développement d’adventices. « Nous savons que l’itinéraire technique sera particulièrement chargé, donc coûteux », prédit Gilles. En effet, la plante levée tardivement a une croissance trop faible pour faire face aux attaques des bio-agresseurs.

Le cas de la plateforme Syppre Berry : un itinéraire technique adapté

De nombreuses interventions et traitements ont dû avoir lieu pour permettre la croissance des colzas :

Contre les adventices, deux anti-graminées foliaires ont été appliqués début octobre et début novembre pour contrôler les repousses de céréales nombreuses et très vigoureuses, puis un traitement anti-dicotylédones début décembre (à mi-dose) et fin décembre (à pleine dose associé à un anti-graminée contre les vulpins par temps pluvieux).

Contre les insectes, il a été appliqué un traitement contre les altises adultes et les charançons du bourgeon terminal fin octobre, puis contre les larves d’altises fin décembre, et contre les charançons de la tige en début de montaison.

Plusieurs applications d’azote, de phosphore et de souffre ont été réalisés, en février (avant une pluie) à dose modérée, puis en mars (azote et souffre), grâce à une météo favorable. Un nouvel apport d’azote et de souffre devrait être prévu au stade E.

Résultat : une croissance continue des colzas

Actuellement, cet itinéraire technique chargé a donné des résultats satisfaisants : la croissance des plantes est continue, même si la biomasse aérienne est faible, la parcelle est propre et la plante saine.

A retenir

Un colza levé tardivement n’est pas robuste. Pour se développer, il doit être obligatoirement protégé et nécessite de nombreuses interventions, ce qui s’avère coûteux. Cette stratégie peut donner des résultats, à condition d’avoir de la chance et une météo favorable tout au long du cycle printanier. « Au prix où est le colza, cela peut être intéressant de prendre ce risque », conclut Gilles Sauzet.

Champ de colza en fleurs.

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