Syppre Picardie : une campagne satisfaisante pour les cultures d’hiver
Les récoltes de la plateforme d’Estrées-Mons, supervisées par l’équipe de Terres Inovia, sont terminées. Cependant, la bordure maritime des Hauts-de-France attend toujours le retour d’un temps sec pour clôturer cette moisson des céréales 2023.

Des semis compliqués, mais une année propice aux cultures d’hiver
La fin de l’année 2022 a été favorable aux céréales, avec notamment un développement très important des talles. Celui-ci était dû en partie au climat propice et aux forts reliquats présents, qui ont alimenté les plantes tout l’hiver.
Et heureusement ! Un défaut de semis avait pu être observé lors de la levée des blés sur Syppre Picardie (panne matériel). Résultat, un déficit important à la levée avec un manque d’environ 20% des pieds (180 pieds levés/m² pour un semis à 220 grains/m²).
Plus tôt, le semis du colza avait également été compliqué. Un premier semis avait été réalisé le 18 juillet en suivant notre règle de décision, mais le sec a eu raison de cette dernière. Les conditions de semis s’améliorant début septembre (retour des pluies), un resemis avait eu lieu le 5 septembre. Le reste de la campagne a été aisé pour le colza, mis à part le manque d’ensoleillement et les nombreuses pluies relevées au printemps. Seuls quelques symptômes de sclérotinia ont été observés dans l’une des parcelles, surement en raison d’un affaissement de la végétation.
Enfin, la féverole d’hiver a donné satisfaction… du moins une partie de l’année. La féverole d’hiver est positionnée derrière un maïs grains (récolté en octobre), sans labour, et où les pailles sont gérées par broyage et déchaumage.
Sur les 3 dernières années, nous avons réussi le semis pour la 1re fois avec un changement important dans la méthode. Les clefs de cette réussite dans les conditions de l’année ont été :
– d’anticiper le semis de 1 à 2 semaines par rapport aux recommandations,
– de choisir une variété particulièrement vigoureuse avec une bonne note de résistance au gel, et
– d’arrêter de broyer les résidus de maïs qui maintenaient l’humidité trop élevée. Un simple coup de déchaumeur à disques a suffi à casser les chaumes et les a répartis de manière assez homogène sur la parcelle. Cela nous a permis de semer avec un semoir à disques dans des conditions acceptables. La fin de cycle a été à l’image des autres cultures, plutôt bonne avec une pression fongique à surveiller malgré tout.
Des rendements au niveau des objectifs
- Blé : des résultats très satisfaisants avec un rendement moyen de 104 q/ha toutes modalités confondues, c’est certainement l’année de récolte la plus homogène en termes de résultats y compris entre les 2 systèmes de cultures. C’est aussi l’année où la conduite de la fertilisation a pris une place importante. En effet, la conduite de la fertilisation du système innovant a été piloté avec CHN (Arvalis), un outil qui s’affranchit des objectifs de rendement et qui pilote au plus près des besoins de la plante. Voir plus bas pour davantage d’informations sur l’outil CHN.

- Colza : les colzas ont été très bons également, avec des rendements de 52 q/ha. La pression des larves d’altises a nécessité un passage, essentiel à la vue des enseignements de la plateforme d’essais situé à proximité. Présent dans un seul système cette année, ce colza ne peut être comparé avec d’autres conduites entre les systèmes (ce qui changera lors de la prochaine campagne).
- Féverole d’hiver : pour cette culture, le bilan est plus mitigé. Les rendements sont satisfaisants avec une récolte de 42 q/ha de moyenne en semis direct (salissement maîtrisé). Mais au regard de la végétation et du nombre d’étage de fleurs observés au printemps, le bilan aurait pu être meilleur. En cause, un taux de levé limité et une possible carence en bore ayant limité le taux de fécondation (aucun apport et ensoleillement limité en début floraison).
Un début de campagne compliqué pour les cultures de printemps
C’est donc une belle année pour le moment, avec maintenant en ligne de mire la récolte du tournesol. Cette dernière risque d’être tardive puisque les semis ont été retardés (23 mai) à cause de la météo fraîche et pluvieuse. Les récoltes de pomme de terre et de betterave suivront au cours de l’automne.
L’arrêt du strip-till en betterave a pour le moment bien simplifié la conduite, la culture est homogène et peu de différences sont à notifier entre les deux systèmes. La plantation pomme de terre a pris un mois de retard en raison des conditions météo et d’un orage surprise lors de la préparation du sol. Actuellement les parcelles sont propres et le cycle suit son court.
Pour aller plus loin avec l’outil CHN
CHN est un modèle de calcul pour la fertilisation azotée. Il permet un pilotage dynamique de l’azote sur l’ensemble du cycle et de suivre en temps réel l’indice de nutrition azotée, en intégrant les conditions d’apports et les prévisions météo pour des conseils d’apport au plus juste.
La méthode des bilans a été utilisée dans le système témoin, avec la mise en œuvre des reliquats en sortie d’hiver et un pilotage au N-Tester lors du dernier apport. Avec la conduite qui s’appuie sur l’outil CHN, une économie a été permise jusqu’à 50 uN sur une modalité (figure 1 plus haut) en ayant des résultats équivalents à la méthode des bilans. Les besoins dans le système témoin ont été dépassés par la mesure du N-Tester qui a préconisé des apports plus importants que la mise en réserve initialement prévue.
Une différence importante est à noter tout de même avec les protéines où les modalités innovantes sont toutes égales à 10,7%, alors que les témoins ont bien valorisé le dernier apport (souvent plus important) avec des résultats compris entre 11,5 et 11,8% (mesure organisme stockeur), ce qui permet d’atteindre le standard du marché fixé à 11,5%.
Nous avions différencié la lutte fongique entre les deux systèmes avec une part de risque plus importante dans le système innovant : 1 passage (à dernière feuille pointante) pour deux passages dans le système témoin.