Le colloque Syppre Champagne qui s’est déroulé le 24 octobre à Bétheny (51) a été l’occasion de détailler les stratégies déployées sur le colza et la betterave, et les résultats obtenus.
Pour le colza, la stratégie du colza robuste conduite dans le système innovant porte ses fruits. Pour la betterave, les priorités ont été redéfinies à la suite des difficultés observées avec l’emploi du strip-till, peu compatible avec le souhait de localiser les interventions, de biner, et de limiter l’utilisation du glyphosate.
Objectif de la conduite innovante : avoir un colza robuste
Lors du colloque, Mathieu Dulot, ingénieur de développement chez Terres Inovia, a rappelé les résultats obtenus sur le colza du système innovant par rapport à ceux obtenus sur le colza témoin. Entre les campagnes 2016/17 et 2023/24, les résultats environnementaux sont favorables avec une baisse de la dose d’azote et de l’IFT pour la conduite innovante et un résultat économique équivalent au témoin :
- 135 uN/ha dans le système innovant, contre 170 uN/ha dans le témoin ;
- un IFT égal à 5,5, contre 7,0 : cette baisse concerne majoritairement les insecticides ;
- une marge directe à 277 €/ha, contre 287 €/ha (en excluant la récolte 2023, compte tenu de gros dégâts d’oiseaux).
Tous les leviers pour avoir un colza robuste sont mis en place dans la conduite du système innovant. L’objectif est d’avoir un colza qui lève tôt, qui montre une croissance dynamique durant tout l’automne ainsi qu’une reprise rapide en sortie d’hiver.
Pour cela, le colza est semé précocement à partir de la mi-août pour atteindre le stade 4 feuilles avant l’arrivée des grosses altises adultes, habituellement autour du 20 septembre. La technique du strip-till couplée avec un semoir monograine est utilisée pour implanter le colza et avoir une levée rapide grâce à un travail en profondeur sans trop assécher le sol.
Le précédent « légumineuses à graines », ainsi que l’association du colza avec une légumineuse permettent d’avoir une restitution d’azote pour le colza favorable à une bonne croissance tout au long de l’automne. Ces pratiques ont permis d’obtenir une biomasse moyenne par plante supérieure à 40 g à l’entrée de l’hiver sur les années d’expérimentation menées. Des références indiquent qu’un colza avec une biomasse supérieure à 40 g/plantes à l’entrée de l’hiver est moins sujet aux dégâts de larves de ces ravageurs (moins de ports buissonnants).
D’autres leviers sont également mis en place comme le choix d’une variété avec de bons comportements ravageurs et maladies.
Remettre la maitrise des adventices au premier plan pour les betteraves du système innovant
Ghislain Malatesta, directeur du département expérimentation et expertise régionale de l’ITB, a rappelé les difficultés subies sur les betteraves du système innovant. L’utilisation du strip-till s’est révélée être peu compatible avec l’objectif de réduction de l’IFT. Ce dernier s’est traduit par une diminution au maximum de l’emploi de glyphosate, obligeant à retravailler le sol en sortie d’hiver, et par une localisation des interventions aphicides et herbicides. Or le travail du sol a conduit le strip-till à former des buttes, rendant difficile, voire impossible, la réalisation d’opérations de binage et de localisation des interventions. Sur un site expérimental avec un historique de salissement conséquent, des échecs conséquents ont été observés. L’abandon du strip-till et le recours à des variétés SMART ont remis la maitrise des adventices au premier plan afin de faire face un potentiel de salissement conséquent, tout en limitant l’IFT.