Les résultats

Chaque année, les expérimentateurs de l’action Syppre en coteaux argilo calcaires du Lauragais font un bilan des résultats et enseignements de la campagne écoulée et leur synthèse depuis le début du projet.

Le début de campagne 2022-2023 a été favorable aux cultures d’automne avec des semis dans un sol bien préparé et une pluviométrie suffisante pour assurer une bonne levée. Les pluies de début de printemps 2023 ont permis de bien valoriser les forts reliquats et engrais azotés apportés sur céréales à paille. Les semis des cultures de printemps ont été réalisés dans de bonnes conditions, mais tardivement pour le tournesol et le sorgho en raison de précipitations importantes fin mars. Le cumul des températures a été sensiblement supérieur à la médiane locale tout au long de la campagne 2022-2023, sans pour autant atteindre des conditions préjudiciables aux cultures. Le cumul des précipitations pour cette campagne se situe au niveau de la médiane locale et est notamment marquée par une bonne régularité de fin avril à début juillet.

Sur les sept années d’expérimentation, le système innovant est globalement maîtrisé en termes de gestion des maladies et de la nutrition azotée. La gestion des ravageurs est également bonne, hormis pour certaines espèces difficiles à maîtriser comme les corvidés, mulots ou limaces qui occasionnent régulièrement dégâts et dommages sur les cultures, notamment de printemps. L’importance des dommages occasionnés par ces espèces est principalement liée à notre dispositif dans lequel la taille des parcelles expérimentale (1350 m²) ne permet pas de diluer les attaques.

La maîtrise des adventices reste difficile sans glyphosate

La maîtrise des adventices reste difficile dans un contexte où l’on cherche à ne pas faire usage de glyphosate tout en réduisant le travail du sol profond pour limiter les risques d’érosion. Le recours aux cultures intermédiaires est alors un levier majeur sur la plateforme Lauragais, mais la gestion des périodes d’implantation et de destruction se révèle compliquée dans nos conditions. Notamment dû au manque de précipitations récurrent pour les semis à la fin de l’été et les pluies souvent importantes au moment des destructions en fin d’hiver. En 2022-2023, les cultures intermédiaires ont été globalement satisfaisantes notamment avant céréales d’hiver, pois chiche et tournesol. Pour ce dernier, leur destruction a toutefois été tardive en raison de l’impossibilité de rentrer sur les parcelles jusqu’à deux semaines avant la période de semis du tournesol. En 2022-2023, la gestion des adventices a été particulièrement difficile dû à une pression élevée en ray-grass sur pois chiche, sorgho et blé dur.

Des rendements conformes aux objectifs en 2022-2023

Les rendements de toutes les cultures atteignent les objectifs notamment sur blé dur où les rendements sont plus élevés pour l’innovant que le témoin malgré la réduction de 90 unités d’azote en moyenne (tableau 1). Un incident technique de culture sur pois d’hiver n’a cependant par permis de récolter cette modalité.

Évaluation de la maîtrise technique et agronomique pour chaque rubrique de gestion du système de culture innovant.
Tableau 1: Évaluation de la maîtrise technique et agronomique pour chaque rubrique de gestion du système de culture innovant. (vert = satisfaisant; jaune = moyennement satisfaisant, rouge = non satisfaisant).

Le Tableau 2 montre que le système innovant a des marges directes avec aides inférieures au système de référence. Cela s’explique en partie par la plus grande part relative de blé dur, qui est la culture avec la plus grande rentabilité, dans l’assolement du système témoin par rapport à l’innovant (50 % vs. 20%). De plus, les charges opérationnelles des cultures de diversification sont souvent plus élevées, notamment grâce aux prix des semences de couverts achetées certifiées.

L’IFT est aussi plus élevé dans le système innovant que témoin, en partie dû au blé dur qui a un IFT relativement faible et que le système innovant introduit des cultures à IFT plus élevé comme le colza. En revanche, l’introduction de légumineuses en cultures de vente et couvert permet de réduire la fertilisation azotée à l’échelle de la rotation et ainsi diminuer les émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 20% par rapport au système témoin.   

Performances du système innovant par rapport au système témoin.
Tableau 2: Performances du système innovant par rapport au système témoin. Les valeurs absolues indiquées sont celles du système innovant et les pourcentages représentent les écarts relatifs entre le système innovant et le système témoin.

(1)Estimation avec le modèle Siméos-AMG de la variation après 30 ans du stock de matière organique sur les 30 premiers cm.

Des ajustements nécessaires pour atteindre l’objectif de multiperformance

Les résultats de ces 7 années d’expérimentation montrent la difficulté à atteindre l’objectif de multiperformance visé.  Sur le plan environnemental, le système de culture innovant atteint de bonnes performances (diminution de l’usage de l’azote minéral, réduction des émissions de gaz à effet de serre, augmentation du stock de carbone du sol). Ses principaux points faibles aujourd’hui sont ses performances économiques, et sa dépendance aux produits phytosanitaires.

Des ajustements sont mis en place chaque année, dans une démarche d’amélioration continue, dans l’optique d’améliorer ces indicateurs. En complément des résultats de performances, ces 5 années ont permis de générer des enseignements utiles à tous ceux qui souhaitent s’engager dans la transition agroécologique sur ce territoire (Tableau 3).

enseignements produits par la plateforme expérimentale du Lauragais.
Tableau 3 : Enseignements produits par la plateforme expérimentale du Lauragais.

Les derniers résultats issus de la plateforme du Lauragais ont été présentés lors d’un webinaire le 12 décembre 2022. Pour consulter le replay, cliquez ici.