Syppre Béarn : deux systèmes innovants font leurs preuves

Deux des huit systèmes de culture innovants à l’étude sur la plateforme Syppre Béarn depuis 2015 ont démontré leur pertinence dans le contexte pédoclimatique local. Leurs intérêts technique, environnemental et économique sont étudiés en comparaison à une monoculture de maïs.

La plateforme Syppre Béarn, située à Sendets dans les Pyrénées-Atlantiques (64), entame cette année sa huitième campagne. À l’origine, huit systèmes de culture innovants y étaient étudiés et comparés à une monoculture de maïs mulchée après récolte et labourée. Après sept ans d’expérimentation, seuls deux systèmes ont été reconduits pour une huitième campagne :
– Le système maïs – CIVE : une avoine rude diploïde est cultivée tous les ans entre deux maïs afin de la récolter en CIVE (entre fin avril et début mai). On suppose donc pour les calculs économiques l’existence d’un débouché pour cette CIVE. En règle générale, le maïs est semé 15 jours après le témoin et la variété (DKC4814) est plus précoce d’un groupe par rapport au témoin (P0725).
– La rotation maïs – couvert intermédiaire – soja – CIVE : le maïs et le soja sont implantés en labour. Une avoine rude diploïde est implantée après le soja pour être récoltée en CIVE.

Les performances de chaque système sont suivies au travers de neuf critères technico-économiques (tableau 1). Dans le Béarn, en plus des six indicateurs suivis dans l’ensemble du réseau Syppre, trois indicateurs ont été ajoutés dont deux relatifs à la performance énergétique :
– La productivité énergétique (MJ/ha) : plus elle est haute, moins il faut de surface pour produire une unité d’énergie.
– L’efficience énergétique : calculée par le ratio Energie brute produite / Energie primaire totale consommée. Cet indicateur exprime le nombre d’unités d’énergie produites pour une unité consommée.

Tableau 1 : Critères de performance à l’étude sur les plateformes Syppre et objectifs recherchés dans les systèmes innovants

Ces deux systèmes atteignent voire dépassent l’objectif pour les deux critères économiques (produit brut et marge nette) (figure 1). L’introduction de CIVE dans les systèmes augmente considérablement leur productivité. Le système maïs-CIVE est de loin le plus productif : un hectare de maïs – CIVE produit l’équivalent en énergie brute de 1,51 ha de Maïs, et de 1,54 ha de Maïs – CI – Soja – CIVE. La productivité de ces CIVE compense l’insertion de soja, moins productif que le maïs. L’efficience énergétique est également améliorée dans les systèmes avec CIVE par rapport au témoin.

Figure 1 : Evaluation multi-critères, avec l’outil SYSTerre, de trois systèmes présents sur la plateforme Syppre Béarn (moyenne 2016-2022). Lecture du graphique : la ligne rouge représente l’objectif fixé. Tous les points qui se trouvent à l’intérieur de l’aire rouge sont en-dessous de l’objectif. Tous les points qui se trouvent à l’extérieur dépassent l’objectif.

Une meilleure empreinte carbone

En revanche, pour les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la consommation d’azote total (y compris sous la forme de digestat) rapportées à l’hectare, l’introduction de CIVE va augmenter le bilan. Ceci tient au fait de produire deux cultures en un an sur la même parcelle. L’azote est le principal poste d’émissions de GES et de consommation d’énergie primaire à l’hectare. Ainsi, la présence de soja dans la rotation permet de diminuer ces deux indicateurs et d’améliorer légèrement l’efficience énergétique, car cette culture ne nécessite pas d’apport d’azote. Le système est cependant légèrement moins productif que le témoin.

Figure 2 : Simulation des gains annuels en crédits carbone sur deux systèmes présents sur la plateforme Syppre Béarn en comparaison avec la monoculture de maïs

Notons que ces calculs ne tiennent pas compte du potentiel de stockage de carbone dans les sols favorisé par la présence de CIVE et couverts intermédiaires ainsi que par l’importance des résidus retournés au sol par le maïs.
Afin de mieux appréhender le bilan carbone de ces systèmes, des simulations ont été faites en utilisant la méthode Label Bas Carbone Grandes cultures (figure 2). Cette méthode prend en compte les potentialités de stockage du carbone dans le sol ainsi que les réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Les deux systèmes testés ont un meilleur bilan carbone que le témoin pour différentes raisons. Le système maïs – CIVE, malgré des émissions de gaz à effet de serre à l’hectare plus élevées, permet beaucoup de stockage de carbone dans le sol (résidus de récolte de la CIVE et apport de digestat). Le système maïs – CI – soja – CIVE permet également un stockage supplémentaire de carbone dans le sol et d’importantes réductions d’émissions de GES grâce à l’économie d’azote.

Deux indicateurs à la peine

Ces deux systèmes innovants sont moins performants que le témoin sur l’indicateur temps de travail à l’hectare, ce qui est logique car on ajoute des opérations pour la gestion de l’interculture qui n’existent pas dans la monoculture mulchée.

L’objectif de réduction de l’IFT de 50 % par rapport à la moyenne régionale (3,4) était très ambitieux étant donné la sobriété du maïs sur ce point là. Aucun des deux systèmes n’y parvient. À noter toutefois qu’ils font mieux que le témoin.

Clémence ALIAGA (ARVALIS – Institut du végétal)
Manuel HEREDIA (ARVALIS – Institut du végétal)

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