Jeudi 6 juin, la plateforme Syppre du Lauragais ouvrait ses portes au public. 150 participants, dont 16 % d’agriculteurs, ont pris connaissance des enseignements après 8 ans d’expérimentations, avant d’assister à des démonstrations de différents modes de destruction de couverts de féverole. Un exercice de transfert réussi haut la main.
Une plateforme expérimentale pour comparer
« On a bien fait d’accepter le projet Syppre dans le Lauragais », a déclaré Yvon Parayre, agriculteur et président de la Commission régionale D’orientation professionnelle Ouest-Occitanie d’Arvalis, en ouverture du colloque qui s’est tenu à Montesquieu-Lauragais jeudi 6 juin. Rappelant la forte sensibilité de l’agriculture locale au changement climatique, la nécessité de s’y adapter tout en réduisant la consommation d’intrants, Yvon Parayre a vivement salué la force du dispositif. « Pour nous agriculteurs, l’intérêt de la plateforme, c’est d’avoir une comparaison entre nos façons de faire traditionnelles, et un système plus performant au niveau environnemental, testé en conditions réelles », a-t-il développé.
Des solutions jugées « très intéressantes »
Yvon Parayre a par ailleurs souligné le fait que les résultats issus de huit ans d’expérimentations présentés ce jour-là n’auraient pas pu voir le jour sans l’implication de nombreux partenaires : réseau d’agriculteurs, coopératives et négoces locaux, Chambres d’agriculture… Après quoi l’agriculteur a invité les participants à se rendre sur les parcelles expérimentales pour découvrir « les solutions très intéressantes » qui s’en dégagent.
La lutte contre l’érosion comme objectif majeur
Sur site, quatre ateliers ont permis aux 150 participants de découvrir les thématiques travaillées sur la plateforme au fil des ans. Un premier retraçait l’historique de la plateforme et les adaptations faites pour répondre à l’enjeu majeur ici travaillé : la réduction de l’érosion et l’amélioration de la fertilité des sols, objet d’un second atelier. « C’est dans cet objectif que nous avons conçu un système innovant favorisant une couverture maximale des sols », a expliqué Eva Deschamps, ingénieure chez Arvalis et responsable de la plateforme. La seconde problématique importante est la gestion des adventices, en particulier du ray-grass. Un troisième atelier portait donc sur les leviers ayant permis aux expérimentateurs « d’apprendre à vivre avec le ray-grass », selon Anthony Cazaban, technicien-expérimentateur de la plateforme. Un défi dans un système sans labour avec présence de couverts.
Un focus sur les performances économiques
Enfin, l’atelier sur la performance économique du système innovant a particulièrement capté l’attention des visiteurs. Certes, il est moins performant que le système témoin si l’on regarde la marge : même si les deux espèces majeures sont performantes, des ajustements de rotation restent à faire. « Mais les économies réalisées sur les engrais et certains produits phytosanitaires, grâce à la rotation et aux couverts sont sans équivoques », a insisté Eva Deschamps. De quoi nourrir la réflexion des participants sur l’évolution de leurs propres systèmes de culture. Et pourquoi pas lancer de premier essais sur une partie de leurs parcelles.
Quelques chiffres qui ont su interpeller les participants au colloque Syppre Lauragais :
- 70 q/ha : c’est le rendement moyen du blé dur sur la plateforme Syppre, sans jamais passer sous le seuil de 13,5% de taux de protéines. Une performance qui a impressionné les agriculteurs présents au colloque.
- – 80 unités d’azote : c’est la baisse moyenne obtenue sur les blés durs innovants grâce à la prise en compte des reliquats en sortie d’hiver et au pilotage dynamique de l’azote via l’outil d’aide à la décision CHN. L’OAD, encore en cours de développement chez Arvalis, s’annonce prometteur pour optimiser la gestion de la fertilisation azotée.
- 3 : c’est le nombre de fois ou le blé revient dans la rotation sur huit ans du système innovant. Une fréquence qui dénote dans un territoire ou le blé, principale culture rémunératrice avec le colza, est traditionnellement présent à hauteur de 50 % dans la rotation
- + 0,74 points : c’est la hausse de matière organique mesurée en huit ans dans les sols du système innovant. Un chiffre « très important », selon Matthieu Killmayer, ingénieur chez Arvalis , qui témoigne de l’efficacité des leviers mis en œuvre pour améliorer la fertilité.