Bilan des récoltes : les éléments à retenir pour la campagne 2021-2022

Article publié le 7 octobre 2022

Sur la plateforme Syppre du Berry, quels ont été les faits marquants de la campagne ? Des conditions climatiques délicates ont impacté les cultures d’automne. Globalement, la campagne a permis de tiré certaines leçons sur la robustesse des cultures.

Un climat printanier qui a impacté les cultures d’automne

Le printemps et le début de l’été 2022 ont eu un effet sur les cultures de la plateforme Syppre Berry, située à Villedieu sur Indre. Le printemps sec et chaud a fait souffrir les cultures d’automne avec un stress hydrique assez marqué dans des phases clés d’élaboration du rendement. La floraison des céréales d’hiver dans des conditions extrêmes a impacté fortement la fertilité des épis. Les épisodes orageux de mi-juin, à la veille des récoltes, n’ont malheureusement pas épargné la plateforme, dont le fort épisode de grêle a impacté la plupart des cultures d’automne.

Une récolte des pois et des orges d’hiver avant la grêle

Au niveau des orges d’hiver, l’impact de la rotation se fait sentir sur les rendements. Le système témoin décroche avec une moyenne de 53q/ha contre 63q/ha pour le système innovant. Ces 10q/ha d’écart s’expliquent principalement par un salissement plus fort en graminées dans le système témoin. L’effet du retour plus fréquent de l’orge a également un impact, avec des jaunissements précoces de l’orge témoin expliqués par une apparition probable de piétin échaudage durant la montaison. Les pois d’hiver obtiennent un rendement moyen de 33q/ha, avec des différences de rendement allant de 20 à 40q entre les blocs. La profondeur du sol, mais également l’apparition de symptômes de bacterioses et de maladies précoces, à différents degrés selon l’exposition au gel et à l’humidité de la plateforme, permettent d’expliquer ces différences de rendement.

Les colzas et les blés impactés par la grêle

Si les récoltes précoces ont permis d’éviter les impacts de la grêle pour les orges et les pois d’hiver, il n’en a pas été de même pour les colzas et les blés. Difficile d’estimer l’impact réel des orages de grêle pour des cultures à maturité. Cependant, le comptage de grains de blés tombés au sol, après analyse des Poids de Mille Grains (PMG), laisse supposer une perte de 5 à 7q/ha selon les micro parcelles, et l’avancée de la maturité physiologique des blés.

Aucune différence de rendement moyen n’a été mesurée entre les modalités et les systèmes, aussi bien pour les blés que pour les colzas, soit 24q/ha en moyenne pour les colzas et 63q/ha pour les différents blés. Le blé améliorant décroche par rapport au blé tendre, avec une moyenne d’à peine 50q/ha. C’est un écart logique compte tenu de son moindre potentiel face au blé tendre, dans des conditions climatiques favorables.

Colza et blé tendre : que déduire de l’analyse fine des rendements ?

  • Colza : les parcelles à la densité maitrisée (entre 15 et 30 pieds/m²) ont fait un meilleur rendement lors des différentes pesées. Ainsi, dans l’objectif d’un colza robuste, et dans des conditions de stress hydrique, la surdensité ne permet pas au colza d’avoir une croissance et une biomasse optimale pour obtenir son potentiel de rendement. Les conditions d’ensoleillement de post-floraison ont permis d’obtenir un bon nombre de grains par silique, limitant ainsi les faibles rendements.
  • Blés tendres : le printemps sec a mis en difficulté la valorisation des apports d’azote, impactant ainsi le statut azoté des cultures (mesuré par les indices de nutrition azotée), sauf pour le blé tendre de pois d’hiver. En effet, ce dernier a montré un statut azoté optimal à la floraison, montrant ainsi la valorisation des précédents légumineuses pour la culture du blé tendre. La minéralisation plus importante de l’azote du précédent a permis de pallier en partie à la mauvaise efficience des apports d’azote minéraux. Même si le rendement n’est pas différent des autres précédents, la teneur en protéine de 14% du blé de pois d’hiver (contre 11.5 pour les autres précédents) révèle un potentiel de rendement plus élevé mais non atteint, compte tenu des conditions de stress hydrique au printemps.

Le millet tire son épingle du jeu dans des conditions délicates

Au niveau des cultures de printemps, seuls le millet et le tournesol étaient présents sur la plateforme. Les lentilles ont été détruites assez tôt après la levée en raison d’un salissement important en dicotylédones (chardon et chénopode) et à des pertes de pieds importantes (phytotoxicité d’herbicide et fonte de semis par des champignons). Elles ont été remplacées par un tournesol.

Le millet a montré sa robustesse dans des conditions sèches et délicates de levée, après le semis en mai. Les orages de juin ont permis un remplissage des réserves, permettant d’obtenir un rendement très correct de 33q/ha. Avec un fort reliquat d’azote avant le semis, et l’absence de salissement en lien à un semis tardif, cette culture montre également une certaine rusticité avec de faibles charges d’intrants (un seul désherbage anti dicotylédones et aucun apport d’azote).

Les tournesols, en revanche, ont été malmenés de la levée jusqu’à la maturité, en raison de dégâts de pigeons lors de la levée et avant la récolte, d’un salissement très impactant en chénopodes et en chardons et des dégâts de lièvre durant la phase de montaison. Les rendements sont très faibles (entre 10 et 15q/ha).

En résumé : les effets sur le robustesse des cultures La campagne 2021/2022 a montré :

L’impact de la pression des graminées en rotation courte sur les céréales d’hiver, ainsi que la montée en puissance et la non-maîtrise de certaines dicotylédones dans le tournesol.

La valorisation des légumineuses sur la nutrition azotée des cultures suivantes : elle a ainsi un impact sur le statut azoté au printemps des cultures d’hiver, et également sur le reliquat azoté pour les cultures de printemps, ce qui permet de limiter les apports minéraux.

L’effet de la surdensité en colza impacte la croissance et la biomasse de la culture en situation de stress hydrique

L’effet des cultures de printemps en semis tardif comme le millet sur le salissement permet les faux semis et la maîtrise du désherbage.

Le système innovant actuel confirmé

Article publié le 23 février 2022

Le 11 février dernier, le comité de pilotage de la plateforme Syppre Berry s’est réuni afin de choisir le système de culture innovant pour la poursuite de l’expérimentation. Résultat : le système actuel est conservé. Explications.

Un objectif de multi-performance

Depuis plusieurs campagnes, la plateforme d’expérimentation Syppre Berry fait face à des difficultés pour concilier les objectifs de multi-performance. C’est pourquoi, au printemps 2021, un travail de re-conception du système innovant a débuté avec les partenaires. Différents prototypes ont pu ainsi être proposés dans le cadre d’un atelier pour remplacer le système innovant en place. L’objectif : maintenir les performances d’usage des intrants et améliorer plusieurs points faibles du système actuel, à savoir :

-La maitrise des adventices

-La rentabilité

-La robustesse vis-à-vis du climat

-Le stockage de matière organique

Un travail d’évaluation a priori des prototypes (sur la base d’hypothèses partagées de rendement, de conduite et de prix) a été conduit à l’aide de l’outil SYSTERRE®. Les agriculteurs et les conseillers présents ont pu hiérarchiser les systèmes proposés selon les enjeux à prioriser.

Le système actuel optimisé

Le comité de pilotage a finalement décidé de conserver le système innovant actuel sur la plateforme. Les évolutions récentes par rapport au système départ, comme l’abandon de l’association pois-blé et le remplacement du maïs par le millet ainsi que les résultats très positifs de la campagne 2021 plaident pour la poursuite de sa mise au point sur la plateforme.

Par ailleurs, les autres systèmes proposés n’apportent pas d’avantage décisif en termes de performances. Le prototype qui propose l’insertion de la luzerne dans le système innovant a fait l’objet notamment de nombreux échanges. Il est, en effet, plus performant sur de nombreux critères, à l’exception de la rentabilité. Mais son débouché a été jugé trop incertain. Un travail d’accompagnement au développement de filière serait nécessaire avant de pouvoir intégrer la culture dans l’essai.

Enfin l’optimisation du système actuel, avec par exemple plus de flexibilité dans les règles de décision, offre des marges de progression encourageantes.

Système innovant mis en oeuvre lors de la campagne 2021

La re-conception, un travail indispensable

Cette journée avec le comité de pilotage régional dans le Berry a montré tout l’intérêt du travail de re-conception. « Tout d’abord, ce travail de réflexion favorise les échanges de points de vue sur les objectifs prioritaires et les stratégies à mettre en œuvre pour les atteindre. Ensuite, l’évaluation a priori des performances des prototypes au regard des objectifs fixés permet de vérifier les hypothèses et d’objectiver le choix du système à retenir. Cela montre la nécessité de prendre le temps d’échanger avant d’initier des évolutions radicales de système », précisent Pierre Onzon et Stéphane Cadoux, ingénieurs d’études chez Terres Inovia. Même si le système actuel est finalement maintenu, ce travail a permis d’ouvrir des perspectives et d’alimenter les discussions autour de l’évolution des pratiques et des systèmes.


 

 

Système innovant : un bilan d’automne riche d’enseignements

Article publié le 17 janvier 2022

Sur les parcelles du système innovant, deux points clés sont à retenir en ce début d’hiver : une gestion du désherbage efficace et une faim d’azote sur des colzas précoces.

La succession de deux cultures de printemps, une rotation efficace pour le désherbage

Premier constat de ce début d’hiver : le blé de tournesol qui suit une succession de deux cultures de printemps ont des parcelles très propres. En effet, les vulpins sont inexistants sur les parcelles de cette rotation, alors que dans le système témoin (colza/blé/orge d’hiver), on voit apparaître 200 à 300 vulpins par mètre carré dans les parcelles d’orge d’hiver. « C’est très positif, on voit bien ici l’efficacité et la puissance de cette rotation sur le salissement », précise Matthieu Loos, ingénieur de développement de Terres Inovia, coordinateur de la plateforme Syppre Berry. « Dans la réflexion sur les prochaines orientations à prendre sur le système innovant, il faudra donc certainement garder une rotation avec deux cultures de printemps qui se suivent car c’est particulièrement bénéfique à la gestion du désherbage de la culture suivante et de la rotation ». En effet, cette succession culturale crée deux grandes périodes d’interculture, permettant de faire un déstockage des graines de vulpin. Le précédent tournesol permet de semer le blé qui suit en semis direct, sans travail préalable du sol, évitant ainsi la mise en germination du peu des graines de vulpins pouvant rester dans les parcelles.

Effet de l’azote sur les colzas innovants dans les placettes avec apport d’azote (entre les piquets jaunes)- Crédit : M. Loos- Terres Inovia.

Colzas semés avant le 10 aout : une faim d’azote problématique

Deuxième point clé du bilan d’automne : la croissance des colzas du système innovant semés avant le 10 août, avec un travail du sol effectué avant le semis, n’a pas été optimale. « L’objectif d’avoir des plantes qui lèvent tôt en bénéficiant des pluies après le semis a été atteint : les colzas ont levé très tôt, avec un stade 4-6 feuilles obtenu mi-septembre, permettant d’éviter de traiter les altises d’hiver adultes », rappelle Matthieu Loos. Mais, à partir de fin septembre, les colzas sont entrés en décroissance. La raison ? « Le travail du sol avant le semis a favorisé la dégradation de la paille de la culture du précédent, ce qui est en général consommateur d’azote ». L’azote contenu dans le sol après le semis (notamment dans une rotation contenant des cultures de légumineuses) a donc été consommé durant cette phase, entraînant de fait une faim d’azote pour le colza, et donc une décroissance précoce des plantes. « Quand on sème le colza tôt voire trop tôt, avant le 10 août, combiné à un travail du sol, nous avons vu cette année que cela pouvait entraîner un problème de décroissance ». La succession d’une légumineuse suivie d’une culture très consommatrice en azote comme le blé dur doit permettre de maintenir une quantité d’azote suffisante pour que les colzas en bénéficient à l’automne. Tout comme la gestion du désherbage, le lien avec la fertilité du sol et la libération d’éléments nutritifs (comme l’azote) doit donc être pris en compte dans les réflexions sur les orientations à prendre sur le système innovant.


Levées de vulpins dans les orges d’hiver du système témoin- Crédit : M. Loos- Terres Inovia.

La lentille, une culture à valoriser

Article publié le 24 juin 2021

Sur la plateforme Syppre Berry, la lentille constitue un excellent précédent. Quels sont ses avantages dans la rotation et le système de cultures ? Les explications de Gilles Sauzet, ingénieur de développement de Terres Inovia et animateur de la plateforme.

Les atouts de la lentille dans une rotation ne manquent pas. C’est bien l’un des enseignements des systèmes de cultures innovants expérimentés au sein de la plateforme Syppre du Berry. « La lentille nous permet d’apporter de la diversification, dans un contexte de cultures d’hiver majoritaires, et de valoriser cette culture au sein d’une filière porteuse de débouchés », tient à préciser Gilles Sauzet.

Un très bon précédent pour le blé et le colza

Premier avantage d’une culture de la lentille : elle est parfaitement adaptée au contexte pédoclimatique berrichon. Les conditions contraignantes de faible réserve utile, une minéralisation très modéré et un Ph alcalin lui conviennent parfaitement. « Elle restitue de l’azote dans le milieu ce qui permet de faire ensuite un blé dur consommateur d’azote minéral et ensuite du colza qui se comporte très bien derrière ces deux cultures ».

Cette succession culturale permet au colza une croissance bien plus forte qu’après un orge d’hiver par exemple. « Le rendement du colza est de 15 % supérieur s’il est précédé par une lentille et un blé dur », ajoute Gilles Sauzet. En effet, les reliquats azotés plus conséquents permettent d’améliorer la croissance automnale du colza et, par conséquent, donne des plantes plus vigoureuses qui luttent mieux contre les insectes. « Ce sont des colzas qui poussent mieux, produisent plus et coûtent moins chers en insecticides et produits de désherbage sans qu’il soit nécessaire de fertiliser au semis ».

Un rendement intéressant

En six années de campagne sur la plateforme Syppre Berry et les exploitations des agriculteurs du réseau, la culture de la lentille a affiché un rendement moyen de 20 q/ha. Seule l’année 2020 a été catastrophique, avec un rendement de 6 q/ha (sur la plateforme) et une production très médiocre dans la campagne, due à des problèmes de levée, de croissance, de pucerons et d’adventices.

Quelques conditions doivent être réunies pour réussir la culture de la lentille :

– un sol à Ph élevé et ressuyage rapide ;

– des reliquats azotés faibles ;

– un sol bien rappuyé et bien structuré permettant un enracinement de qualité et favorisant la nodulation.

La lentille n’apprécie pas les sols soufflés et un soin particulier doit être porté à la gestion de certains bio agresseurs comme le puceron.

Lentille : une campagne bien partie

Contrairement à la campagne 2020, la culture de la lentille a bien démarrée en 2021. « On constate une meilleure implantation, avec un bon enracinement, de nombreuses nodosités et une gestion, a priori, de qualité, des pucerons », conclut Gilles Sauzet.

Vous souhaitez en savoir plus sur la culture de la lentille et ses itinéraires techniques? Retrouvez le guide de culture 2021 de Terres Inovia sur https://www.terresinovia.fr/p/guide-lentille

Réussir des colzas levés tardivement, est-ce possible?

Article publié le 17 mars 2021

Le manque de pluie à l’été 2020 a eu un impact sur les colzas, qui ont tardé à lever. Faut-il les conserver ? Quelques éléments de réponse avec Gilles Sauzet, ingénieur de développement chez Terres Inovia et responsable de la plateforme Syppre Berry.

La situation

Dans le Berry, et l’Indre en particulier, le manque de précipitations en juillet et août 2020 a empêché certaines parcelles de colza de lever au moment le plus opportun, avant le 1er septembre. Des pluies intervenues fin septembre ont entraîné une levée tardive de colzas. Cette situation a été constatée en 2020 sur la plateforme, et même depuis deux ans sur les exploitations d’agriculteurs partenaires de Syppre dans le Berry.

Deux critères importants : la date de levée et la structure de peuplement

« Il est possible de conserver des colzas qui ont levé tardivement en prenant en compte deux facteurs », indique Gilles Sauzet. D’abord, la date de levée est primordiale : celle-ci ne doit pas dépasser la fin du mois de septembre. Autre critère essentiel : la structure de peuplement. « Il peut être intéressant de conserver les colzas levés tardivement si le peuplement est de qualité et la répartition homogène. Celui-ci doit être situé entre 15 et 35 pieds par mètre carré, à adapter bien-sûr au contexte pédologique ». La réussite de ces colzas sera, de toute façon, fortement dépendante des conditions météorologiques, contrairement à un colza robuste. « L’agriculteur prend un risque supplémentaire, mais la réussite de la campagne n’est pas impossible ».

Anticipation et observation de rigueur

Pour réussir ses colzas dans ces conditions, il est alors indispensable de redoubler de vigilance en anticipant les agressions d’insectes et le développement d’adventices. « Nous savons que l’itinéraire technique sera particulièrement chargé, donc coûteux », prédit Gilles. En effet, la plante levée tardivement a une croissance trop faible pour faire face aux attaques des bio-agresseurs.

Le cas de la plateforme Syppre Berry : un itinéraire technique adapté

De nombreuses interventions et traitements ont dû avoir lieu pour permettre la croissance des colzas :

Contre les adventices, deux anti-graminées foliaires ont été appliqués début octobre et début novembre pour contrôler les repousses de céréales nombreuses et très vigoureuses, puis un traitement anti-dicotylédones début décembre (à mi-dose) et fin décembre (à pleine dose associé à un anti-graminée contre les vulpins par temps pluvieux).

Contre les insectes, il a été appliqué un traitement contre les altises adultes et les charançons du bourgeon terminal fin octobre, puis contre les larves d’altises fin décembre, et contre les charançons de la tige en début de montaison.

Plusieurs applications d’azote, de phosphore et de souffre ont été réalisés, en février (avant une pluie) à dose modérée, puis en mars (azote et souffre), grâce à une météo favorable. Un nouvel apport d’azote et de souffre devrait être prévu au stade E.

Résultat : une croissance continue des colzas

Actuellement, cet itinéraire technique chargé a donné des résultats satisfaisants : la croissance des plantes est continue, même si la biomasse aérienne est faible, la parcelle est propre et la plante saine.

A retenir

Un colza levé tardivement n’est pas robuste. Pour se développer, il doit être obligatoirement protégé et nécessite de nombreuses interventions, ce qui s’avère coûteux. Cette stratégie peut donner des résultats, à condition d’avoir de la chance et une météo favorable tout au long du cycle printanier. « Au prix où est le colza, cela peut être intéressant de prendre ce risque », conclut Gilles Sauzet.

Champ de colza en fleurs.

Tournesol : quel bilan lors de la dernière campagne ?

Article publié le 12 octobre 2020

L’implantation et le développement du tournesol ont été bien menés dans les parcelles du Berry. Les rendements sont néanmoins variables, selon que le type de sol soit superficiel ou profond.

Le tournesol, une plante aux atouts agronomiques intéressants

Le tournesol a un rôle important dans le cadre de la lutte contre les graminées annuelles comme le ray-grass et le vulpin. C’est en raison de ces vertus agronomiques que la plante a été intégrée dans les systèmes de culture d’agriculteurs et de la plateforme d’expérimentation SYPPRE du Berry. Une des clés de la réussite ? « Pouvoir être implantée avec succès à la fois dans les sols profonds que dans les terres superficielles à faible réserve utile, et mettre en place un bon enracinement et une structure de peuplement de qualité », indique Gilles Sauzet, ingénieur de développement chez Terres Inovia et coordinateur de la station SYPPRE Berry.

Un bon enracinement et une structure de peuplement de qualité sont l’une des clés de la réussite.
Crédit photo : G. Sauzet

Ravageurs et sécheresse pendant la campagne

Une dizaine de parcelles ont été suivies de semis à la récolte. Dans 80% des cas, les plantes ont bien levé, en particulier pour les semis précoces (levée les dix premiers jours d’avril). Un petit bémol : des dégâts d’oiseaux sur une parcelle et la présence de limaces sur deux parcelles ont occasionné un re-semis dans les zones concernées qui représentent 15% de la surface.

Les pluies de la fin du mois d’avril ont ensuite permis aux plantes d’avoir une croissance régulière. « Au mois de mai, au stade de bouton, l’indice foliaire était très bon et les plantes très saines, ce qui a permis aux tournesols précoces de conserver un indice foliaire de qualité et d’avoir un très bon remplissage du capitule, en dépit de la sécheresse des deux mois d’été », poursuit Gilles Sauzet. Ce qui n’est pas le cas des plantes plus tardives, qui ont souffert de ces conditions climatiques et ont généré beaucoup moins de graines.

Des tournesols tardifs ont pu souffrir de la sécheresse de juillet et août.
Crédit photo : G.Sauzet

Un rendement variable selon le type de sol

On considère que le potentiel est d’environ 8 à 10 quintaux par hectare pour 100 mm d’eau. En sols superficiels, il a été de 17 à 23 quintaux/ha pour une pluviométrie de 130 à 150 mm et une réserve utile de 70 mm en moyenne. « L’écart est lié à la qualité de la structure du peuplement.» En sols profonds, avec une réserve utile de 120 à 150 mm et une pluviométrie de 150 mm il était en revanche bien supérieur, autour de 30 à 35, selon la réserve utile de ces sols.

Tournesol bio : quel résultat ?

Des tournesols bios ont été installés après de nombreux passages de travail du sol. « On a constaté une très forte levée de ray-grass en même temps que la levée de tournesol, ce qui a nécessité 1 à 2 binages très profitables à la culture. L’agriculteur a choisi de ne pas faire de blé à la suite et de poursuivre son action d’élimination de la graminée avec des cultures de printemps et des faux semis ». La solution dans cette situation ? Revenir donc à une culture de printemps et ne pas hésiter à pratiquer le faux-semis pour détruire les levées successives de ray-grass.

Sans travail du sol : attention aux limaces

Une autre situation s’est présentée sur les parcelles du réseau SYPPRE Berry : un tournesol implanté sans travail du sol, sur un couvert de féverole et avec une qualité structurale et une porosité biologique de très bonne qualité. Résultat : un très bon enracinement, mais l’absence de travail du sol superficiel a généré la présence de limaces, d’où la nécessité d’un re-semis dans les zones concernées. « La solution aurait été de pratiquer un déchaumage au moment de la ponte pour détruire les adultes et les œufs ».

Quels enseignements opérationnels des premières campagnes ?

Article publié le 6 avril 2020

Le 19 mars, Terres Inovia a consacré une webconférence aux enseignements des systèmes de culture innovants mis en place entre 2016 et 2018 sur la plateforme Syppre du Berry.

L’objectif visé

L’enjeu, sur ces bassins de production avec des sols argilo-calcaires, est d’augmenter la fertilité des sols tout en contrôlant mieux les adventices afin de créer des cultures plus robustes.

La stratégie

La plateforme Syppre du Berry travaille à diversifier la rotation, avec deux cultures d’été, l’introduction de légumineuses, des couverts associés. L’objectif est également de diminuer le travail du sol.

Quels enseignements ?

Les plus

-Le contrôle du vulpin s’est nettement amélioré grâce à une succession colza-maïs-tournesol efficace ;

-On note la valorisation de l’azote et la performance du colza associé qui intervient après la lentille et le blé dur ;

-Le système de culture permet des couverts en interculture à la fois courts et longs.

Les moins

-Le vulpin est moins bien maîtrisé avec un mélange pois/blé ;

– Le vulpin est insuffisamment contrôlé seulement avec une succession de quatre cultures d’hiver à forte influence céréalière.

Il est encore trop tôt pour savoir si ce système est réaliste à l’échelle d’une exploitation et économiquement intéressant.

Quid de la campagne 2018-2019 ?

Au vu des enseignements sur les deux premières campagnes, il faut noter que la réussite de l’implantation est indispensable et que le choix des cultures est peut-être à repenser. L’impact climatique est également un facteur important à prendre en compte. La non-utilisation du glyphosate remet en cause des stratégies positives, telles que le stockage du carbone, des adventices qui lèvent moins et un travail du sol réduit ou une absence de travail peu propice à la germination des adventices.

Les solutions envisagées passent par :

-Une couverture du sol permanente pour augmenter la fertilité et la qualité structurale du sol ;

– Un labour et un travail du sol systématiques (en absence de glyphosate), avec des couverts en intercultures et une implantation facilitée lors de séquences humides.

Colza : quel bilan à la sortie de l’hiver?

Article publié le 27 février 2020

Sur les parcelles des agriculteurs partenaires des plateformes Syppre, les colzas implantés à l’été 2019 se révèlent sains et robustes.

Sur les 43 parcelles pilotées par les agriculteurs, l‘enjeu principal est de réussir la levée avant le 1er septembre (voire début septembre pour les sols légers)  pour mettre en place des colzas robustes, faisant preuve de résilience face aux agressions multiples et face aux écarts climatiques.

Etre prêt à semer tôt

L’automne a été très favorable à la croissance des colzas à partir du 25 septembre. Malgré les températures élevées entre la levée et 4 feuilles, les colzas levés précocement résistent très bien, leur croissance est de meilleure qualité qu’en 2018. Mais le déficit de pluies lors des premiers semis de colza a entraîné souvent des travaux en sol sec, l’absence de travail est à privilégier dans ce contexte climatique en sols bien structurés. La grande majorité des parcelles sont levées au plus tard le 25 août. Les levées plus tardives, début septembre, concernent les colzas semés fin août en milieu limono-sableux.

Un conseil : anticiper les interventions

Il est nécessaire d’anticiper (dans l’interculture précédent celle du colza) les interventions profondes pour implanter un colza ou alors d’intervenir très tôt après une récolte précoce. Il est indispensable d’être prêt à semer tôt et se montrer réactif lors de prévisions de pluies. Etant donné les températures estivales élevées, l’assèchement est rapide et intense, il convient donc d’éviter les travaux tardifs, proches du semis pour que le colza profite au maximum des quelques millimètres disponibles.

Une fertilisation azotée précoce et une quasi-absence d’insecticides

Le comportement du colza en entrée d’hiver est excellent, même en sol argilo-calcaire superficiel. Dans ces situations pédologiques, une fertilisation azotée et phosphatée précoce a été fréquente (30 unités d’azote au plus tard fin août en plein, ou en localisé quand c’est possible ). La qualité des croissances automnales a permis de limiter les interventions contre les insectes d’automne, adultes et larves. Ainsi, 72% des parcelles n’ont pas reçu d’insecticide de la levée à la sortie hiver.

Une lutte nécessaire contre les adventices

De nombreuses parcelles ont été protégées contre les dicotylédones, en décembre. Les levées tardives d’adventices (octobre) et leur croissance très modérée ont permis ces interventions tardives dans un contexte de faible pression. Les interventions anti-graminées ont souvent été très précoces (repousses de céréales).

Ainsi, les plantes sont dans l’ensemble saines (pétioles), sans larves dans le cœur de la plante. L’objectif est d’obtenir, en avril, des parcelles propres, avec au moins 85 % de plantes saines et des poids frais aériens supérieurs à 4 000 gr/m² en sols superficiels et 4 500 à 4 000 gr/m² en sols plus profonds.

Une levée précoce pour des colzas sains

Article publié le 17 décembre 2019

Sur la plateforme Syppre du Berry, les colzas, levés précocement, font état d’une belle croissance.

Sur la plateforme Syppre, tous les colzas levés mi-août ont aujourd’hui de belles biomasses, comprises entre 1,2 et 2 kg. Qu’ils soient implantés dans des sols superficiels ou légèrement plus argileux, les colzas de la plateforme sont de couleur vert foncé, ce qui illustre un état azoté de bonne qualité. Ces observations visuelles ont été validées par des mesures de teneurs en azote.

Dans cette région, les semis ont été effectués au bon moment, soit après une pluie significative de 15 mm au moins, entre le 7 et le 13 août. Conséquence ? « Les levées sont précoces, autour du 15 août et la croissance du colza a été très dynamique après le stade 5 feuilles avec l’arrivée des pluies le 22 septembre », observe Gilles Sauzet, coordinateur de la plateforme Syppre du Berry pour Terres Inovia.

Les colzas profitent maintenant d’une bonne minéralisation. « Ces colzas précoces sont très peu élongués, les densités sont modérées entre 15 et 25 plantes par mètre carré. A ce jour ils n’ont reçu aucun insecticide et les observations réalisées sont très rassurantes quant à leur état sanitaire ».

Une nouvelle fois, l’anticipation au niveau de la préparation de sol et la réactivité pour décider de semer ont permis de réussir l’implantation de colzas, très peu soumis aux contraintes des divers bio-agresseurs présents de la fin de l’été jusqu’au début de l’hiver. L’association de légumineuses, de biomasses significatives (400g/m² au moins), renforce ce constat de robustesse et de bonne mise en place du potentiel.